Chapitre 8 - partie 1/4

6.2K 612 140
                                    

En se réveillant le lendemain matin, Carmella eut pour premier réflexe de regarder à côté d'elle.

Vide.

Elle laissa sa tête tomber lourdement sur l'oreiller et chassa la petite voix dans sa tête qui lui faisait croire qu'elle était déçue pour ne penser que « ouf ! ».

Elle avait craint pendant un instant que le marquis ne se trouve encore dans sa chambre, pour une quelconque raison.

Il a dû s'empresser de partir une fois que je me suis endormie, songea-t-elle.

C'était au fond assez embarrassant. Prise par sa peur, Carmella n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'elle avait fait. Mais avec le recul, elle se demandait comment elle avait fait pour perdre ainsi tous ses moyens. Maintenant, c'est sûr, le marquis allait la prendre pour une gogole... Si ce n'était pas déjà le cas depuis longtemps.

Rien n'était plus sûr.

Carmella put voir à travers la grande fenêtre que le soleil brillait déjà fortement dehors. Attendez une minute... Mais quelle heure était-il au juste ?

Tournant la tête, comme le marquis l'avait fait lui-même à son réveil, Carmella regarda l'horloge. Oh! Il était presque onze heures !

Il n'en fallut pas plus pour que Carmella se lève de son lit. Elle enfila à toute vitesse une robe, sortit précipitamment de sa chambre, remonta le couloir tout en essayant tant bien que mal d'attacher ses cheveux avec un ruban, et cavala dans l'escalier au risque d'y tomber. Ce n'est qu'une fois arrivé au bas des marches, qu'elle reprit une attitude contenue et modérée, se dirigeant aussi calmement que possible vers le salon. Elle y trouva la marquise, seule.

D'un côté, elle était un peu déçue que le marquis ne soit pas là. Mais d'un autre côté, si elle avait un peu de bon sens, elle se serait doutée qu'il ne serait plus là depuis un moment. Et puis, au fond, il valait mieux retarder sa rencontre avec ce dernier après ce qui s'était passé la veille...

— Eh bien ma chère, vous voici, s'exclama la marquise à son entrée. J'étais justement sur le point d'envoyer quelqu'un prendre de vos nouvelles.

— Je suis désolée d'être à ce point en retard, mais je viens à vrai dire de me lever.

— Oh ! ne vous en faites pas, je ne suis pas plus en avance que vous. Je viens à peine d'arriver. Nous allons avoir besoin d'énergie pour assister au bal de ce soir.

 — Nous allons encore à un bal ?

 — C'est là le principe de faire son entrée dans le monde Carmella, s'amusa la marquise avant de reprendre la parole: J'attends une petite collation qui ne devrait plus tarder. Souhaitez-vous que l'on vous en fasse porter une ?

— Non merci. Je pense largement être en mesure d'attendre un peu le déjeuner sans mourir de faim. Ce serait d'ailleurs impossible après tout ce que nous avons mangé hier.

— Certes, mon amie a, me semble-t-il, toujours eu les yeux plus gros que le ventre quand il s'agit de commander le repas.

— Peut-être pense-t-elle qu'il vaut mieux plus que pas assez ? suggéra Carmella en souriant.

— Peut-être bien. Qui sait ce qui peut parfois passer dans la tête des gens ?

Carmella sourit de plus belle en songeant qu'il valait mieux ne pas chercher en ce qui la concernait.





La nuit était déjà tombée quand Carmella descendit l'escalier en soulevant tant bien que mal ses jupes qui s'étalaient comme un nuage autour d'elle. Il était tout bonnement exclu de se ridiculiser de nouveau en faisant une chute mémorable, simplement parce qu'elle aurait été incapable de prendre garde à où elle mettait ses pieds. Et se connaissant, elle savait que ses chances de rester sur ses deux pieds étaient pour le moins... réduites.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant