Chapitre 8 - partie 3/4

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Tandis qu'il refermait la porte, Carmella s'approcha de la table en bois poli où étaient disposées des fleurs. Posant son petit éventail sur la table, elle les enfflerait distraitement de la main quand la porte s'ouvrit.
Carmella se retourna, un grand sourire éclairant son visage.

Hélas, quelle grande désillusion de découvrir que ce n'était pas le marquis, mais Lord Teferson qui venait de faire son entrée, en prenant soin de refermer la porte à clé derrière lui.
_______

Le marquis, revenu dans la salle de bal, cherchait Carmella du regard. Mais, au lieu de rencontrer la silhouette de la jeune femme, c'est celle de Georgiana qu'il découvrit, fendant la foule dans sa direction.

Ne l'ayant pas remarqué lors du dîner, Charles en déduit qu'elle avait dû être uniquement conviée au
bal, mais pas au repas réservé aux amis les plus proches.

Il soupira quand elle arriva à son hauteur, déclarant avec une moue qui l'exaspera :

- Bonsoir Charles.

- Bonsoir Lady Sewingam, répondit-il d'une voix dénuée de chaleur.

- Lady Sewingam... ne pourriez-vous pas vous résignez à m'appeler comme au temps datant, avant ma regrettable erreur ? fit la jeune femme de sa voix enjôleuse.

- Je regrette mais ma réponse est non, répondit froidement le marquis.

À ces mots, une flamme dangereuse se mit à danser dans les yeux de Georgiana. Elle demanda néanmoins avec calme, sans se départir de sa voix enchanteresse qu'elle savait utiliser à ses fins :

- Pourquoi, cher amour ?

- Tout d'abord, je ne suis pas votre « cher amour ». Ensuite, je vous appelle de cette manière pour la simple et bonne raison que je ne me permets uniquement d'appeler les gens qui me sont proches par leurs prénoms.

- Vous oubliez que nous avons été proches, répondit-elle câline.

- En effet, comme vous l'avez si bien dit, nous l'avons été, mais nous ne le sommes plus, fit-il sans plus de ménagement.

- Vous paraît-il difficile de pardonner ? demanda-t-elle, se renfrognant.

- Là n'est pas la question. J'ai tourné la page il y a longtemps. Mais je ne tiens pas à renouer avec vous, c'est tout.

- Je vous l'ai déjà dit, je suis désolée. Je m'en veux terriblement pour le mal que je vous ai fait. Cela n'a jamais été mon intention, plaida-t-elle. J'étais jeune et insouciante. J'ai eu un moment d'égarement et ne puis rien faire d'autre si ce n'est vous demandez pardon.

Elle leva son regard sombre vers lui avant d'ajouter :

- Nous pourrions recommencer tout depuis le début. Je vous aime, je vous ai toujours aimé Charles. Je suis sûr que vous m'aimez encore. Vous le savez tout comme moi. Notre amour est si fort, si grand, qu'il ne peut se ternir.

Elle posa sa main gantée sur son bras, intense dans sa demande :

- M'aimez-vous, mon tendre amour ?

Charles la regarda. Georgiana crut à un heureux présage. Elle allait réussir, elle allait le séduire et reconquérir par la même occasion son titre qui lui avait naguère glissé entre les doigts.

Malheureusement pour elle, elle déchanta vite en voyant l'éclat froid, dénué de passion, qui faisait briller les yeux du marquis. Se dégageant de sa main, il déclara :

- Au risque de vous décevoir, je me rends compte aujourd'hui que je ne vous ai pour ainsi dire jamais aimé. Ce que j'éprouvais n'était rien de plus qu'un pâle reflet de l'amour, une simple tocade que j'ai eu le malheur de connaître dans ma jeunesse. Et vous ne m'aimez pas non plus. Ce que vous aimez, Miss Sewingam, c'est ce que je peux vous apporter... Pas ce que je suis.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant