Chapitre 10 - partie 2/2

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À peine avait-elle prononcé ces mots que déjà elle plaquait ses mains devant sa bouche. Ne saurait-elle donc jamais tenir sa langue un jour ?

« Oui, mais parce que c'était vous » se répétait-elle mentalement.

Bravo ! Vraiment remarquable Carmella. C'était stupide, complètement stupide. Au point où tu en es, tu peux toujours te jeter par la fenêtre !

Le marquis, pour sa part, le premier instant de stupeur passée, la regarda les lèvres incurvées dans un sourire en déclarant, une lueur d'amusement dans la voix :

- Comment dois-je prendre cette remarque ?

Carmella garda le silence quelques instants, avant de déclarer à mi-mots :

- Ce que je veux dire, c'est que... ce n'est pas comme si vous étiez un étranger... pour moi, je vous connais. Alors que vos invités me sont inconnus.

- Qui vous dit qu'il n'y aura pas des gens que vous connaissez ?

- Je n'en sais rien, la marquise ne m'a pas encore dit qui serait présent... Mais peut-être pourriez-vous me le dire; vous devez certainement les connaître. Qui seront les invités pour le steeple-chase ?

Carmella ne s'expliqua pas pourquoi une ombre passa soudainement sur le visage du marquis. Il ouvrit la bouche, fut sur le point de dire quelque chose, mais se ravisant, il referma sa bouche qui se pinça légèrement. Fuyant son regard, il déclara abruptement :

- Nous verrons cela plus tard, si vous le voulez bien.

Carmella, surprise par la brusquerie de sa réaction, se contenta pourtant de répliquer après que ses yeux se furent légèrement agrandis :

- Très bien.

Un silence lourd plana sur la pièce. Carmella cherchait désespérément quelque chose à dire quand le marquis déclara, le dos tourné si bien qu'elle ne voyait pas son visage :

- Vous serez heureuse je pense d'apprendre que David sera présent pour le steeple-chase, parvint-il à articuler.

- C'est vrai ? s'exclama la jeune fille, un grand sourire aux lèvres, tout en joignant ses mains au niveau de la poitrine. C'est très gentil à vous de l'avoir invité.

Faisant volte-face, les traits durs que ne lui connaissait pas la jeune femme, qui contrastait avec l'aspect tourmenté de ses yeux - qu'elle ne remarqua pas -  il éclata :

- Ainsi donc, c'est bien ça ! Vous aimez David, c'est cela, n'est-ce pas ?

Carmella sentit ses yeux s'agrandir brusquement.

- Quoi ? Mais non ! David est un ami, rien de plus, déclara Carmella toute abasourdie.

- Cela ne semble pas être son avis.

- Je le sais, il me l'a déjà dit.

- Quoi ! Quand ça ?

- À une soirée... Je ne sais plus.

- Et ?

- Et alors rien ! Je vous l'ai dit, c'est un ami.

Le marquis eut un rire qui sonnait faux.

- Reste à savoir pour combien de temps. On ne me la fait pas à moi, je connais la chanson. Ça se dit amis, puis le lendemain, on se déclare un amour éternel. À moins, bien sûr, que votre cœur ne soit déjà pris.

Carmella se détourna brusquement, sans rien répondre. Voyant en son geste une réponse plus qu'affirmative, il enchaîna :

- Ainsi donc, vous aimez quelqu'un !

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant