Ce destin qui nous lie

Chapitre 6 - partie 5/5

Sa première intention fut de s'en retourner auprès de sa mère, mais réflexion faite, il jugea préférable de rester à les regarder, même si surveiller était un terme plus approprié.
Pas question de laisser ces deux-là ensemble sans surveillance !
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Un peu plus tard dans la soirée, Romney conversait tranquillement avec un petit groupe qu'il connaissait bien quand il vit son meilleur ami froncer les sourcils.

Romney, qui connaissait bien ce signal indiquant que Charles était contrarié, tourna la tête pour voir ce qui se passait. Et il frémit en voyant le serpent s'approcher.

Georgiana.

Oh ! pas de panique, cela faisait longtemps que le marquis était immunisé contre toutes sortes de morsures de la part de cette vipère. Il faut dire qu'on oublie rarement une morsure de ce genre, surtout venant d'une telle créature.

Mais pour le moment, le serpent agissait - ou du moins essayait - d'inverser les rôles en faisant du marquis le serpent qu'elle était censée envoûter en jouant sur son talent de charmeuse de serpent. Aussi avançait-elle vers eux en ondulant du bassin, comme pour séduire le marquis.

Le comte d'Overstrail manqua de lever les yeux au ciel lorsqu'il aperçut le regard insistant qu'elle posait sur son ami, et qui se voulait irrésistible. Peine perdue puisqu'en arrivant à leur hauteur, le marquis ne prit même pas la peine de saluer la vipère.
Romney posa alors un regard blasé sur cette femme. Comment pouvait-elle ne serrait ce qu'imaginer que Charles puisse se laisser amadouer par ses tours futiles ? Pathétique.

Mais Georgiana était une femme entêtée. Lorsqu'elle avait une idée derrière la tête, il était difficile de la détourner de son objectif. C'est donc avec un art consommé que Georgiana s'insinua dans la conversation, sans que personne n'y prenne garde, si ce n'est le marquis qui ne pouvait ignorer la présence de cette femme, et Romney qui regardait la scène en buvant de temps en temps un peu de champagne.

Si nul n'ignorait que le marquis et Georgiana avaient été autrefois fiancés, seuls la marquise et Romney connaissaient la raison pour laquelle les fiançailles entre le marquis et Georgiana avaient été rompu. Aussi, Romney assistait-il à cette scène en croisant les doigts pour qu'elle ne se termine pas en un feu d'artifice explosif.

Romney porta une nouvelle fois la flûte de champagne à ses lèvres, observant succinctement son ami qui ignorait délibérément l'intruse et celle-ci qui affichait un sourire suffisant. En les regardant ainsi, il était difficile d'imaginer - ne serait-ce qu'un instant - qu'ils avaient été sur le point de se marier ensemble. Il faut dire qu'un mur semblait maintenant exister entre eux.

Romney connaissait par cœur son ami et, vu sa tête, il était à parier qu'il n'allait pas se contenter d'ignorer la jeune femme. Au contraire, le marquis avait cet air décidé qui indiquait clairement qu'il n'avait pas l'intention de la laisser afficher plus longtemps son sourire hypocrite.
A l'éclat qui brillait dans ses yeux, Romney devina que son ami allait lui donner une leçon. Une bonne leçon.
Il ne restait plus qu'à espérer qu'il saurait le faire de façon assez... contenue.

Sortant de ses songes, Romney put voir que s'était pour le moment Georgiana qui avait la parole.

- ... j'ai par ailleurs eu le grand honneur d'assister à mainte réceptions très prisées à Paris. Tout est si différent dans cette ville. Elle semble toujours en éveille. Je ne suis d'ailleurs pas étonnée que beaucoup de gens trouvent cette ville très romantique. La Seine est tout simplement ravissante la nuit. Et la cathédrale Notre-Dame de Paris est de toute beauté. J'imagine que tous les couples qui s'y marient sont heureux pour toujours. Et après tout, quel que soit l'endroit où l'on se marie, cela ne change rien au fait que l'amour est éternel et qu'on ne peut aimer réellement qu'une fois dans sa vie. C'est pourquoi je pense que quand le destin à la bienveillance de réunir deux êtres fait l'un pour l'autre, il ne faut pas laisser passer cette chance inouïe.