Chapitre 2 - partie 5/5

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Marie aida Carmella à enfiler son amazone très tôt le lendemain. Tandis qu'elle rangeait la robe de chambre de Carmella dans la penderie, celle-ci s'empressa de quitter la pièce, en prenant soin de laisser ses gants d'équitation sur le lit, bien en évidence.

Puis, descendant l'escalier en toute hâte, Carmella s'empressa de se diriger vers la porte monumentale. Un valet, qui l'avait vu arriver, quitta ce qu'il faisait pour lui ouvrir la porte. La jeune femme le gratifia d'un grand sourire qui illumina la journée du valet.

Carmella arriva en courant dans l'écurie pour constater que Brume de Nuit était attachée à un mur, déjà scellée. James était en train de brosser sa crinière, impeccable, remarqua-t-elle.

En la voyant, il lui adressa un grand sourire.

- Bonjour, miss.

- Bonjour James. Comment va Brume de Nuit aujourd'hui ?

- Un peu nerveuse, mais je suis sûr que vous arriverez à la calmer sans peine.

- Je l'espère.

Le chef palefrenier, un homme assez âgé, arriva sur ces entrefaites.

- Bonjour, miss.

- Bonjour.

- Je voudrais savoir si mademoiselle ne se formaliserait pas d'emmener un palefrenier avec elle, au cas où. Étant donné que vous n'êtes encore jamais monté sur ces terres, ce serait plus prudent. Et puis se serait plus convenable.

- Vous avez raison, j'avoue toutefois ne pas y avoir songé.

Il faut dire que chez son oncle, quand Carmella montait - c'est-à-dire lorsqu'elle arrivait miraculeusement à échapper à la surveillance de son oncle - elle partait seule.

- Je peux aller chercher Jim, ajouta le vieil homme. Il travaille ici depuis près de dix ans. Il s'y connaît, croyez-moi, miss.

- Je n'en doute pas. Mais si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais que ce soit James qui m'accompagne.

- J'imagine que cela ne fait pas de différence, admit le vieil homme.

Se tournant vers James, il lui lança :

- Va donc seller un autre cheval.

- Bien monsieur.

C'est à ce moment-là que Marie arriva.

Eh bien, ce n'était pas trop tôt, Carmella commençait à douter qu'elle vienne.

- Mademoiselle Carmella, vous avez oublié vos gants.

- Merci Marie, c'est bien gentil de me les avoir apportés. Je suis vraiment tête en l'air.

Elle avait délibérément insisté sur le nom de la jeune fille, ce qui attira immédiatement l'attention de James qui revenait avec un bai à l'allure tranquille. Carmella comprit rapidement que James ne l'avait pas choisie par hasard. Un cheval trop impétueux aurait pu communiquer à la jument sa fougue, ce qui n'aurait pas été des plus souhaitable étant donné son stress visible. À l'inverse, ce cheval tout de douceur aiderait à canaliser l'état de stress de la jument grise.

Carmella aurait souhaité l'en remercier, mais déjà le jeune homme s'empourprait légèrement s'arrêtant en plein milieu de l'écurie, incapable de faire le moindre mouvement.
Marie lui sourit timidement, se tortillant les mains nerveusement.

Carmella était littéralement à deux doigts d'éclater de rire tant la gêne qui s'était installée dans l'écurie était palpable. Mais elle n'eut plus envie de rire lorsque Marie releva lentement le visage, rivant ses yeux verts à ceux bruns du jeune homme. Le temps semblait s'être arrêté pour eux. Carmella n'en doutait pas, ils devaient avoir complètement oublié jusqu'à son existence.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant