Chapitre 17 - partie 2/2

5.8K 620 300
                                    

Le soleil commençait à décliner doucement dans le ciel tandis que l'élégant attelage avançant sur les terres appartenant au domaine des comtes de Sinderbrod. Une profusion de blé poussait dans des champs bien entretenus, formant un horizon teinté d'or couleur des blés.

Carmella regardait ces champs qu'elle connaissait si bien sans mot dire, plongée dans ses pensées. Il faut dire qu'elle ne s'était pas révélée très bavarde durant le trajet, ce qui ne lui ressemblait nullement. Son frère avait bien essayé de mener une quelconque conversation, hélas, les réponses de Carmella l'achevait en un instant, replongeant la jeune femme dans ses songes silencieux.

À présent, ayant remarqué sur quoi son attention se portait, Rory retenta sa chance. Il lui donna un petit coup de coude avant de dire tout joyeux :

- Tu te souviens de quand on courait dans ces champs à en perdre haleine, et que papa et maman nous cherchaient sans nous voir avec les tiges des blés ?

- Oui, je m'en souviens, répondit Carmella avec un petit sourire tendre au bout des lèvres. C'est un de mes plus précieux souvenirs. Ces moments où nous étions comme seuls au monde, sans aucun domestique, sans personne, juste entre nous, une famille heureuse, ce qu'il y a de plus simple mais qui suffit amplement à faire le bonheur de tous.

- Je suis d'accord. Quand j'étais tout seul, cherchant un moyen de te rejoindre et que je perdais espoir, je repensais toujours à cela en me disant que le destin finirait par me ramener près de toi. Et regarde à présent : je suis auprès d'une charmante jeune femme et m'apprête à rentrer chez nous en tant que nouveau comte de Sinderbrod.

Il lui sourit.

- Tu vois, il y a toujours de l'espoir derrière les plus sombres présages.

Elle le regarda sans comprendre.

- Je suis sûr que tout s'arrangera avec le marquis, expliqua-t-il doucement.

- Je n'en suis pas si sûr, murmura faiblement Carmella, la tête basse. Je ne sais même pas pourquoi il s'est montré si distant ces derniers temps.

- Certes, mais je suis persuadé que vous resterez bon ami. Simplement, il y a surement des non-dits entre vous qui ont envenimé la situation. Lui as-tu demandé quel était le problème ?

- Comment l'aurais-je fait alors qu'il m'évite comme la peste ?

Carmella sentit les larmes lui monter de nouveau aux yeux. Son frère, s'en apercevant, lui demanda doucement :

- Tu l'aimes ?

- Non !

Un non prononcé un peu trop rapidement pour ne pas en paraitre suspect.

- Tu en es sûr ?

- Oui !... Non... En fait je n'en sais rien ! Je n'ai jamais aimé, alors comment pourrai-je jamais savoir lorsque je tomberai amoureuse ? Et si ce que je prenais pour de l'amour ne l'était pas ? Et si je tombais amoureuse sans m'en apercevoir ? Et si...

- Stop ! Je t'arrête tout de suite.

Il lui releva le menton d'une main tandis qu'il maintenait les rênes de l'autre.

- Le jour où tu seras amoureuse tu le sauras, mais pour ça il faut que tu arrêtes d'écouter ta tête pour utiliser pour une fois ton cœur. Alors je te repose la question : si ta tête de fait douter, ton cœur dit-il que tu aimes le marquis, oui ou non ?

- Non... il me le hurle...

- Oh, ma petite Carmella...

- Mais lui ne m'aime pas. Tu l'as bien vu de tes propres yeux, il me repousse et a même organisé notre départ.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant