Chapitre 1 - partie 2/5

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À ces mots, Charles eut un sursaut. Avait-il bien entendu ?

- Que dites-vous ?

- Vous avez fort bien entendu et je ne vous ferai pas le plaisir de me répéter, dit-elle d'une voix qu'il ne lui connaissait pas, pire, qui lui parut grinçante à son oreille.

- Vous plaisantez ? demanda-t-il incrédule.

- Je suis on ne peut plus sérieuse, déclara-t-elle sans aucune aménité.

Mais enfin, quelle mouche l'avait piquée ?

- Je... Pourquoi ? répliqua-t-il tandis qu'une expression d'incompréhension se peignait sur son visage.

- Pensez bien que cela me navre de vous mettre dans une situation des plus inconfortables autant pour vous que pour moi. C'est pour cette raison que je ne vais point m'attarder. Sachez seulement que, si je vous cause un tel tourment, c'est uniquement pour la bonne et simple raison que j'ai découvert que j'éprouvais des sentiments plus profonds pour Roderick. Il m'a par ailleurs demandé ma main que je lui ai, par conséquent, accordée.

- Mais vous ne pouvez rien faire de tel ! s'écria Charles, hors de lui. Au cas où vous l'auriez oublié, nous sommes déjà fiancés !

Un rire désagréable franchit les lèvres de la jeune femme.

- Comme vous êtes amusant. Vous oubliez que nous ne le sommes que secrètement. Personne - à part nous - n'en a connaissance, dit-elle avec une moue cruelle. Voyez le bon côté des choses, cela ne créera pas de scandale...

Charles abattit son poing sur le bureau si fort que la jeune fille, surprise, laissa échapper un cri de stupeur.

- Tonnerre de Dieu ! éclata-t-il tout en lui saisissant le bras. Peut-on savoir qui est à même de se vanter de voler ma fiancée ?

- Je vous prierai de surveiller votre langage, fort déplacé, devant moi, répliqua Georgiana d'une voix froide en arrachant son bras de sa poigne. Vous semblez perdre de vue que vous vous adressez à une Lady ! Et pour votre gouverne, j'ai le grand honneur d'être fiancée à Lord Roderick de Stonbridge...

Elle le regarda avec un regard dénué de pitié avant d'annoncer :

- Ou devrais-je dire, le duc de Stonbridge !

Le jeune homme, la lâchant, recula lentement. Un pli amer barrait à présent son front. Ses lèvres se tordaient dans un rictus cynique tandis qu'il crachait ses mots :

- Voici donc la vraie Georgiana, froide, calculatrice, égoïste de surcroît, prête à tout pour parvenir à ses fins, dit-il avec un rire amer. Quel sot je suis d'avoir à ce point manqué de clairvoyance. J'ai été aveuglé par votre beauté. À présent, je vois l'étendue de mon erreur. Votre beauté n'est pas réelle. Elle n'est autre qu'une illusion créée par un recours exorbitant aux artifices. À dire vrai, vous ressemblez plus à une courtisane qu'à une véritable lady.

Tandis qu'elle le regardait avec horreur, il poursuivit, sans plus de douceur :

- Finalement, je devrais vous remercier de vous être dévoilée avant que je ne me retrouve lié pour toujours à une vipère qui m'aurait empoisonné la vie avec son venin ; une créature telle que vous, pour laquelle je n'aurais éprouvé que dégoût, qu'une profonde aversion. Vous me répugnez. Je me rends compte aujourd'hui que vous prendre pour femme aurait déshonoré mon nom !

- Comment osez-vous m'insulter de la sorte ! s'emporta-t-elle. Je...

- Mais je ne fais rien de plus que vous retourner le compliment, dit-il avec amertume. Je suis un homme d'honneur et je vous rends la monnaie de votre pièce. Vous voulez me faire une leçon de morale, vous qui avez troqué mon amour contre un titre ! s'écria-t-il avec fureur. Un titre de marquise n'était pas assez bien pour vous ?

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant