Chapitre 4 - partie 4/5

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— Carmella, arrêtez-vous immédiatement ! C'est un ordre ! cria-t-il en stimulant sa monture pour qu'elle coure plus vite.

Brume de Nuit n'accepterait jamais de sauter un obstacle de cette hauteur. Carmella serait projetée au sol. Et alors peut-être se briserait-elle la colonne vertébrale, perdrait l'usage de ses jambes... ou pire.
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Et c'est sous ses yeux consternés que le marquis vit le cheval s'élancer au-dessus de l'obstacle.

Brume de Nuit devait faire une confiance aveugle à sa cavalière pour tenter le coup !

Ses antérieurs allaient-ils toucher la barrière ?... Non. Alors, le marquis se permit enfin de respirer en voyant Brume de Nuit se rétablir sur ses postérieures.

À peine la barrière avait-elle été franchie que déjà Carmella se laissait glisser le long de sa selle pour s'approcher de l'enfant.

Pressant les flancs de Zeus, le marquis sauta à son tour la barrière. Zeus la franchit sans la moindre difficulté, habitué comme il était à des obstacles plus haut.

— Vous êtes complétement folle ! Ne me faites plus jamais, je dis bien plus jamais, une peur comme celle-ci ! s'emporta-t-il en stoppant sa monture à sa hauteur.

Mais les mots moururent sur ses lèvres lorsqu'il vit Carmella qui serrait contre elle un petit garçon qui devait avoir à peine neuf ans, dix tout au plus.

Il ne cessait de gémir.

Alors seulement le marquis remarqua que sous son pantalon de toile abimée, une bosse ingrate et bizarre tendait le tissu rêche au niveau de son genou droit. Et ce genou, il était de travers.

De toute évidence, il s'était déplacé la rotule.

Carmella essayait tant bien que mal d'apaiser le pauvre enfant. Et à le voir, cela devait faire un moment qu'il s'était blessé. Il n'y avait personne dans les parages et si Carmella ne l'avait pas remarqué, il serait probablement resté seul encore très longtemps.

Descendant à son tour de sa selle, le marquis s'approcha de l'enfant. Soulevant aussi doucement que possible le bas du pantalon du petit garçon, il fut horrifié par ce qu'il vit. Carmella, elle, avait aussitôt détourné la tête, ne pouvant pas supporter cette image.

Son genou, au lieu d'être centré, se trouvait sur la droite. Il s'était bien déplacé l'os.

Carmella avait fait détourner la tête du petit garçon pour qu'il ne puisse pas voir sa jambe.

Se tournant vers le petit garçon, le marquis lui demanda gentiment :

— Comment t'appelles-tu mon garçon ?

— Ji... Jimmy monsieur, dit l'enfant entre deux sanglots.

— Et où sont tes parents ?

— À la maison...

— Mais où ?

— À la ferme de papa.

Décidément, l'affaire s'avérait délicate.

— Dans quelle direction est la ferme, Jimmy ? C'est très important si tu veux qu'on t'aide.

Le petit garçon, toujours en pleurs pointa son doigt vers le bout du champ.

Le marquis réfléchit. Déplacer l'enfant dans cet état serait une véritable torture.

Se tournant vers Carmella qui s'employait à sécher tendrement les larmes du petit garçon avec son mouchoir, il se pencha vers elle pour lui demander :

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant