XI - Quelques ciels d'aquarelle

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 C'était le soir.

Rien, de l'extérieur, ne nous donnait précisément d'indice concernant ce fait. La nuit restait aussi dense que durant le jour, ou ce que l'on se permettait encore de nommer « jour ». Le calme, lui, était à peine plus présent que quand la citadelle était éveillée, car le cycle nocturne était toujours accompagné de ce silence presque recueilli. Les étoiles brillaient avec force dans le ciel sombre, les jardins étaient déserts. Et dans un coin de l'appartement, Nebo était roulé en boule, ses yeux immenses fixés sur la silhouette au centre de la pièce.

Cela faisait quelques jours depuis que Seungmin avait surpris la conversation entre Ryujin, Saul et Selina. Puisque désormais, le mot « jour » semblait plutôt se référer à une unité de temps qu'au temps d'ensoleillement. Alors parlons en jours, et rappelons que ceux-ci ont été des jours où Seungmin était encore séparé de Hyunjin. Cette séparation, qui rendait ces jours mêlés de nuit toujours plus longs.

Une nouvelle lettre était arrivée, et une réponse était repartie. Son coeur s'était réchauffé en lisant l'écriture du pilote, mais ça ne durait pas. Ça ne durait jamais. Les lettres étaient toujours trop courtes, elles n'emportaient pas assez de Hyunjin avec elle. Et le manque grandissait, et la solitude aussi. Ainsi que la fatigue. Mais Seungmin tentait de s'en accommoder, car plus le temps passait, plus il avait l'impression que son énergie ne reviendrait jamais totalement. Il était bluffé, quand il voyait Felix courir d'un coin à l'autre du palais sans jamais sembler s'essouffler, quand lui devait fournir un effort pour traverser une pièce au pas.

Alors pourquoi ne dormait-il pas ? En ce moment où tout le palais était endormi, lui se tenait encore debout face à sa fenêtre, comme si tout ce sommeil qu'il avait à rattraper pouvait attendre. Il avait fait une sieste plus tôt dans l'après-midi, qui n'avait été d'aucune aide, et son corps lui criait d'aller s'allonger dans son lit. Mais ce que son corps voulait, lui ne le voulait pas forcément. Peut-être qu'il se ressourçait mieux dans le silence et la solitude que dans ses draps immaculés. Ou peut-être que son cerveau était sur pause, et qu'il refusait de réfléchir, tout simplement.

D'un geste un peu lent, il finit par se détourner de la pièce et rencontra un instant le regard du kuori, qui avait l'air en pleine forme. Il lui tira la langue faiblement, puis s'avança dans le couloir d'entrée et ouvrit la porte. Dans le plus grand des silences, pour ne réveiller personne, il la referma derrière lui. Le bois n'émit qu'un léger chuintement. Il se retourna vers la droite, là où les habitations se prolongeaient - là où Felix lui avait demandé de ne pas se rendre. Puis à gauche, où des couloirs tortueux, en apparence identiques, reliaient les appartements de l'Élu au reste du palais.

Toujours en silence, Seungmin s'y engagea. Il marcha un instant, se retrouvant bientôt dans un couloir ouvert sur les jardins, et put admirer ceux-ci dans la nuit. Plus de fleurs, que les carrés d'herbe et les graviers blancs. C'était apaisant.

𝑶𝒃𝒆𝒓𝒐𝒏 ᯽ 𝐒𝐞𝐮𝐧𝐠𝐣𝐢𝐧Where stories live. Discover now