Chapitre 50

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Je franchis les limites du lieu de la fête et me dirige vers la maison d'Astan, le cœur serré, essuyant régulièrement quelques larmes échouées sur mes joues.

Ça ne me ressemble pas pourtant de réagir comme ça. D'habitude, je me moque pas mal des critiques que je reçois, mais cette fois-ci, je me suis sentie tellement humiliée que j'ai craqué.

Je ne suis pas fière de m'être montrée aussi fragile, c'est vrai, mais je suis avant tout humaine. J'ai un cœur, avec des émotions et des sentiments.

Je suis surtout exténuée. Exténuée de tout ça. Est-ce que je suis véritablement faite pour ce monde? J'en suis de moins en moins persuadée.

Dans tout les cas, elles étaient allées trop loin. C'était juste de la méchanceté gratuite et si c'était le prix à payer pour mes origines, je n'étais plus sûre de vouloir m'intégrer ici.

J'arrive devant la maison, insère les clés dans la serrure, les mains tremblantes de colère, en enlève enfin ses foutues chaussures douloureuses en les balançant sur un élan d'impulsivité dans le coin du salon, comme si elles étaient responsables du désastre de cette soirée.

Je me m'enferme alors dans la salle de bain.

Astan m'avait suivi. Il arrive au moment où je ferme la porte.

— Ouvre la porte, Mia.

— Va-t'en, Astan.

— S'il te plaît.

Je m'assois par terre, et prends mon visage dans mes mains.

— Tu pleures...?

Je relève la tête.

Sa voix semble se briser quand il prononce sa question.

— Je n'ai pas envie de parler, je réplique la gorge serrée.

C'est vrai qu'une partie de moi lui en voulait de ne pas avoir pris ma défense, mais je ne voulais pas m'énerver contre lui. Pas ce soir. J'avais déjà dépensé trop d'énergie pour ces filles.

Je me relève et me fixe dans la glace.

Et là je me trouve nulle. Terriblement nulle. Mon maquillage a coulé, je ne ressemble à rien. Mon nez est rouge et mes yeux sont gonflés. Pendant un instant mon image me dégoûte. Tout ce maquillage...

Je prends une bacine d'eau propre laissée à côté de l'évier, et me rince le visage.

— Mia, qu'est-ce que tu fais? Me lance Astan, avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

Je décide de ne pas lui répondre.

— Tu n'es pas en train de faire une connerie...? Poursuit-il sur un ton légèrement plus angoissé.

Comme je ne réponds toujours pas, Astan se mets à essayer de défoncer la porte.

— Arrête, Astan, je finis par lâcher.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse, Mia?

— Rien. C'est trop tard, maintenant, je lâche, sur un ton glacial.

— Est-ce que tu m'en veux...?

Vraiment? Cette question? À ton avis, Astan?

— Je ne pensais pas ce qu'elles disaient, Mia....Je ne le pensais pas...

Je ne sais pas si je dois le croire.

— ...Je suis désolé, j'aurais dû prendre ta défense. Tu ne méritais pas tout ça, poursuit-il.

Je me laisse alors tomber contre la surface de la porte, ne réussissant plus à m'arrêter de pleurer, le visage recouverts de mes mains glaciales.

— S'il te plaît, Mia...Dis quelque chose...Je me sens mal...

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant