Chapitre 73

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Mes yeux s'ouvrent doucement.

Je sens une présence juste à côté de moi dans le lit et me souviens instantanément que j'avais demandé à Astan de dormir près de lui.

Je m'étais endormie blottie contre lui, le visage encore humide des larmes interminables qui avait ruisselé sur mon visage toute la soirée.

Mais qu'est-ce qu'il m'a pris...?

Je n'aurais jamais dû me retrouver dans ce lit avec lui, comme ça...Ça ne me ressemblait pas d'agir comme ça.

Un peu gênée je me relève alors en position assise, enlève la couverture et m'apprête à sortir du lit.

— Qu'est-ce que tu fais, Mia? Il est encore tôt pour se lever...Questionne mon charmant colocataire de lit, visiblement autant réveillé que moi.

Je sursaute alors.

Il est obligé de faire tout le temps semblant de dormir, celui-là?

Les joues rouges, je m'empresse de trouver une réponse adaptée à la situation.

— Je...j'avais juste envie de me dégourdir mes jambes...je lâche sur un ton peu convaincant.

— Tu peux rester tu sais, je ne vais pas te jeter comme ça.

— Non, ça n'a rien à voir...Je bégaie.

Un silence assez gênant s'en suit alors, jusqu'à ce qu'Astan le brise.

— Tu me fuis... Je ne savais pas que je te repoussais à ce point...murmure-t-il avec comme une pointe de déception presque touchante dans sa voix.

C'est vrai que sur le moment ça me fait de la peine. Ce n'était pas lui qui me repoussait mais plutôt la situation que j'avais l'impression de ne plus contrôler.

Tout était bizarre entre lui et moi. On était passé de la haine à la l'indifférence, de l'indifférence au questionnement, et du questionnement à un semblant d'affection. Dans ma tête, toutes ces émotions se mélangeaient, comme si chacune d'entre elles cherchait à davantage d'exprimer que les autres.

Culpabilisant de mon attitude envers Astan, je décide néanmoins me rallonger sur le lit et me tourne vers le jeune homme.

— Tu dois être tellement habitué à ce que les filles veulent rester dans ton lit...Je lance sur le ton de la plaisanterie.

Vu le regard qu'il me lance, je crois qu'on n'a pas la même définition du mot « plaisanterie »...

J'aurais peut-être dû me taire, finalement...

Astan fronce les sourcils, les yeux remplis d'un soupçon de déception.

— C'est comme ça que tu me vois, alors? Comme le mec qui collectionne les filles et qui les jette quand il veut?

Je laisse échapper un petit soupire.

— Je ne sais pas trop comment je dois te voir en réalité.

— Je ne joue pas avec toi, si c'est ce que tu te demandes. Tout ce que j'ai dit ou fait hier pour te réconforter, c'était sincère.

Est-ce que je pouvais vraiment le croire? Il avait tellement son temps à jouer avec mes nerfs pour me déstabiliser que je ne savais plus si ce qu'il disait était vrai.

Mais, étrangement, quoiqu'il en soit, ça me faisait du bien d'entendre ça. J'espérais juste que ce soit le Astan honnête et sincère que j'appréciais qui me parle, pas l'autre à l'égo surdimensionné. Mais, j'avais envie de lui laisser le bénéfice du doute.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant