Les Peuples des Ombres

Chapitre 71

Riffin avait quatorze ans.

C'était un jeune garçon solaire, enthousiaste et joyeux. Il vivait une enfance tranquille et paisible, et il n'aurait jamais imaginé que tout basculerait en un après-midi.

Riffin avait pour habitude d'offrir ses services à une famille modeste de la ville. Il s'était lié d'amitié avec leur petit garçon, Nael, âgé de sept ans et le gardait régulièrement quand ses parents travaillaient.

Ce jour-là, Riffin n'étudiait ni à l armée, ni à l'école. Il avait prévu de chercher des fleurs spéciales pour son cours de botanique, qu'on ne trouvait seulement sur les falaises qui longeaient la cité. Il avait décidé, pour y gagner du temps, d'y emmener Nael, dans le but de s'avancer sur ses devoirs.

C'était une journée chaude et ensoleillée, idéale pour de longues balade. Ça faisait maintenant une petite demi-heure que les deux jeunes garçons gambadaient dans le paysage rocailleux des falaises, en chantonnant des vieilles comptines qu'ils avaient l'habitude d'entendre depuis qu'ils étaient petits. Riffin scrutait parallèlement méticuleusement le sol, à la recherche de ces fameuses fleurs assez rares, qu'il convoitait tant depuis quelques jours.

Il avait un peu l'esprit ailleurs, c'est vrai. Son travail occupait toute son attention. Il a enfin fini par trouver ces fleurs, au bout de plusieurs dizaines minutes à escalader des petits rochers.

Elles se trouvaient sur un genre de plateau qui surplombait le territoire des Hauts-Elfes. La vue était à couper le souffle. Il n'était pas particulièrement haut, mais l'endroit offrait une vision panoramique et magnifique sur la Cité.

Seulement, ce n'était pas la vue que Riffin était venu admirer. Il s'est accroupi au niveau de ces fleurs, pour vérifier que c'était bien celle dont il avait besoin, délaissant quelques minutes Nael, qui n'avait qu'une envie: jouer.

Riffin bien trop occupé à cueillir ses fleurs. Sa totale attention était portée à ce moment là sur ces plantes, le coupant à ce moment là complètement de l'extérieur.

Il a entendu un bruit.

Le bruit effroyable d'un cri d'enfant, qui a résonné dans toute la vallée.

Suivi d'un bruit de chute stupéfiant.

Riffin a levé les yeux à la recherche de Nael. Son cœur s'est soulevé quand il s'est rendu compte que le petit garçon n'était plus devant lui.

Il a hurlé son prénom, sans réponse, le cœur battant, sentant l'inquiétude le marquer, puis s'est levé pour s'approcher de l'endroit d'où sembler venir le bruit.

C'est à dire en contre-bas de la falaise.

Nael était là, en bas, étalé sur un rocher.

Ses yeux étaient grands ouvertes et du sang maculait les alentours.

Nael venait de succomber à une chute de quinze mètres.

Et, Riffin n'avait rien vu venir.

Un sentiment intense de culpabilité a fait trembler le jeune garçon, qui s'est alors demandé comment il avait pu en arriver là, comment, le temps de quelques secondes d'inattention, le pire avait pu se produire.

Riffin n'a pas essayé de se persuader que le petit garçon était toujours vivant. Il n'aurait pas pu survivre à la chute de toute façon. Sa tête devait avoir violemment frapper le rocher pointu qui l'avait retenu de tomber plus bas, et ses yeux grands ouverts ne lui permettait pas cet espoir pourtant vain.