Chapitre 55

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Un rayon agréable de soleil transperçait les rideaux fin du salon.

Astan était déjà levé.

Pour une fois, il m'avait laissée dormir, s'étant efforcer de faire le moins de bruit possible, et de laisser la pièce dans l'obscurité. Il s'était enfin adoucit à mon égard, et ça me faisait du bien.

Mais au delà de ça, je sentais qu'émanait de lui une onde intense de stress. Il était assis à sa table, déjà vêtu de son uniforme, faisant vibrer nerveusement sa jambe contre le sol. C'était ce matin qu'on allait annoncer le suppléant d'Elijah, et je voyais que son esprit était entièrement occuper à appréhender la cérémonie.

Je me redresse en position assise et m'étire nonchalamment.

— Comment tu te sens? Je lui lance en baillant.

— Comment, toi, tu te sens? Réplique-t-il sans répondre à ma question.

— Moi, je me sens bien, mais ce n'est pas moi qui sera peut-être nommée dans quelques heures par le chef de mon clan, je souris légèrement, attendant sa réponse à lui.

Astan détourne son regard avale une gorgée d'eau, la retardant.

Je me lève alors, attrape mon sweat pour me couvrir un peu et m'assois une face de lui, plantant mes yeux dans les siens.

— Décrire ses émotions n'est pas une marque de faiblesse, tu sais, je renchéris calmement.

— Merci, de ta contribution, Madame la psychologue, réplique-t-il d'un ton sec qui me déplaît fortement.

Je lève alors les yeux au ciel, me laissant tomber contre le dossier de ma chaise, croisant les bras pour montrer à mon interlocuteur que je n'ai pas apprécié sa réplique.

Astan prend sa tête dans ses mains et lâche un profond soupire.

— Pardon, Mia, je suis maladroit. Je n'aurais pas dû dire ça, excuse-moi. Je suis un peu à cran en ce moment à cause du stress, lâche-t-il, avec une pointe de sincérité dans la voix.

Je décroise les bras et avance ma chaise pour me rapprocher d'Astan.

— Je ne sais jamais quoi te dire, pour être honnête. J'aimerais pouvoir te réconforter, mais j'ai l'impression que tu es ce genre de personne qui n'accepte pas qu'on les aide. Ce n'est pas une critique, juste un constat.

— C'est vrai, je suis ce genre de personne, finit par admettre le demi-Drow, quelques secondes après, comme s'il ne voulait pas vraiment répondre.

Je me lève alors de ma chaise et accorde un dernier regard à Astan, comprenant qu'il a besoin d'être seul.

— Quoiqu'il en soit, j'espère que tu seras choisi.

Le jeune homme hoche doucement la tête et se perd dans ses pensées, après avoir mêlé son regard au mien.

***

Nous voilà parti pour la cérémonie. Astan avait revêtu le costume traditionnel de l'armée. Il le portait bien, même très bien. Quand il le portait, j'avais l'impression d'être devant un véritable guerrier. Astan était encore très jeune, certes, mais dès qu'il l'arbitrait, il semblait gagner tellement en âge.

Le haut était muni d'une sorte d'armure fine et argentée superposée sur un haut en soie, bleu clair. Dessus était gravé l'effigie de l'armée des Hauts-Elfes. Une épaisse ceinture relevait son pantalon gris, tout en supportant le poids de couteaux de toutes tailles. Il avait attaché ses longs cheveux noirs en demi-queue, dégageant son beau visage et ses yeux doré. Astan marchait d'un pas assuré jusqu'au lieu de la cérémonie, d'une telle manière que j'avais du mal à la suivre sur la fin.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant