Chin-Hae.

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"La notion du temps est innée chez moi, c'est ce que mes proches me disent. Mais personne ne savait que cette notion pouvait disparaître parfois, lorsque je me sentais dans un état spécial."

Il est six heures. Six heures et une seconde. Six heures et deux secondes. Six heures et trois secondes, mes yeux s'ouvrent d'eux mêmes. Six heures quatre secondes et bientôt cinq, je me redresse afin d'appuyer mon dos sur le mur mais une main masculine en a décidé autrement puisqu'elle m'entraîne vers son propriétaire. Six heures et dix secondes je reste allongée contre lui, forcément. Suis-je amoureuse ? L’heure tourne et je me rendors contre lui. Je crois que l’on a un repas de famille aujourd’hui. Un repas de famille ? Mon frère sera là, j'en suis ravie ! Cela fait au moins six mois que l'on ne s'est pas vu. Il est alors neuf heures quinze secondes lorsque je rouvre de nouveau mes yeux de moi-même. Je me retourne vers lui et les referme instantanément.

- Chin-Hae, lui murmure-je doucement, il faut se lever, on voit-
- Ton frère aujourd’hui ?, me coupe-t-il, Oui je sais, il amène une fille avec lui aujourd’hui.

Comment fait-il pour être aussi omniscient ? Ça m'a toujours fait sourire. Chin-Hae et moi nous sommes rencontrés il y a trois ans au moins. C’était loin de là, la plus belle des rencontres mais je suppose que si je suis encore aujourd’hui dans le même lit que lui, c’est que tout cela n’a pas beaucoup impacté notre relation. Comme quoi, un verre de trop c’est parfois le meilleur verre que l’on puisse avoir dans sa vie. J’ai toujours été fasciné par cet homme depuis que nos regards se sont croisés. Son sourire balayait toute ma tristesse et mes remords, ses yeux marrons m'attiraient vers lui de par leurs profondeur et également de leurs douceur, ses cheveux étaient si bien coiffés que mes mains avaient envie les toucher rien que pour les mettre en pagaille, son petit et mignon visage méritait d’être aimé. Et c’est encore le cas aujourd’hui, je l'aime c'est une certitude.

Il est onze heures cinquante secondes et notre voiture se gare. J’ai hâte de rencontrer la petite amie de mon frère, sa première petite amie, de plus. Je suis alors très excitée dans des moments comme ceux-ci. Il est vrai que ma timidité n’a plus fait surface depuis que je suis avec Chin-Hae. Suis-je trop amoureuse ? Je pars devant et sonne à la porte. Onze heures une et quinze secondes, la porte s’ouvre. Ma mère aussi resplendissante que souriante ouvre la porte. Elle me prend comme à chaque repas de famille dans les bras et alors nous fait entrer. Les assiettes sont déjà sur la table tandis que maman nous amène dehors ou du moins me laisse aller dehors puisque Chin-Hae et elle-même doivent avoir une discussion. Je trouve mon frère dans le jardin, assis sur une grande chaise avec sur une autre, mon père et sur une autre, une femme au long cheveux noirs et un sourire aussi brillant et contagieux que celui de mon frère. Lorsque je m’approche assez près d’eux, mon père m'aperçoit et se lève afin de me prendre lui aussi dans ses bras tout comme ma mère.

- Hye-Sun enfin te voilà ! s'exclame-t-il, Je suis content que tu sois avec nous !
- Papa, lui dis-je, tu me le dis à chaque fois !
- Oui mais je ne te le répéterai jamais assez, où est Chin-Hae ? me demande-t-il alors,
- Il parle avec maman, lui réponds-je, mais je ne sais pas à propos de quel sujet.

Mon père saisit sa canne et rentre à l’intérieur, les rejoindre. Mon frère me lance, par la suite, son étincelant sourire.

- Bonjour frangine ! me salue Jongdae accompagné d'un clin d'œil.
- Parle pas trop Jongdae ! Dis moi, commence-je en m’asseyant, tu ne me présente pas cette jeune femme ?

Il sourit aussitôt et me présente alors la fille qui fait de lui aujourd’hui un homme heureux. Elle et moi avons alors parlé et avons découvert que nous partageons les mêmes centres d’intérêts. Elle s’appelle Aya et a un an de moins que mon frère. Elle dégageait une certaine intelligence lorsqu’on s’est parlé. J’apprécie beaucoup cette fille parce qu’elle est aussi resplendissante de l’extérieur que de l’intérieur. De plus, parce que mon frère semble aux anges avec elle. Onze heure trente et trente six secondes, Chin-Hae revient avec mes parents qui semblent très heureux. Pourquoi d’ailleurs ? Bonne question. Mes parents s’installent avec nous mais lorsque le regard de Chin-Hae croise celui de la petite amie de mon frère, il se met à sourire d’une manière assez étrange, je reconnais ce sourire.

- Vous vous connaissez ? demandai-je, intriguée.

Il pose ensuite ses yeux sur moi et garde son sourire, mais plus le même. Il semble plus à l’aise avec moi qu’avec elle.

- C’est une amie de la fac ! me répond-t-il heureux, Ca faisait un moment qu’on s’était pas vu ! Comment ça va Aya ?

Alors il la connaît, j’avais raison. Même si ça n’explique pas son sourire étrange un peu plus tôt, cela me fait plaisir que Chin-Hae soit assez joyeux et retrouve des amis. Il faut dire que ça n’arrive pas souvent puisqu’il a soit beaucoup de travail, soit ses amis en ont. Il arrive même que ses amis soient assez loin, il habitait Manhattan fut un temps, c’est là bas qu’il a fait ses études. Je suppose qu’Aya vient de là-bas aussi. Mes parents, quant à eux, sont plus que ravis puisque leur fils a enfin trouvé quelqu’un et que je sois aussi gai, les rends parfaitement réjouis, sans aucune quelconque faille. Après notre repas s’étant très bien passé même si Chin-Hae a failli perdre le goût tellement le plat de ma mère était épicé, on se dirige tous vers l’entrée excepté mon père qui était assez épuisé. Ma mère nous laisse alors partir après nous avoir dit : “A dimanche prochain !”. On reste devant nos voitures tous les quatres pendant une bonne demi-heure et alors Chin-Hae a voulu les inviter à passer l’après-midi avec nous. C’est donc comme cela que ça se déroula.

Il est seize heures trente deux et je suis encore en train d’essayer de battre mon frère sur la console. Chin-Hae et Aya se moquaient de moi depuis peut-être une heure.

- Ça va aller Hye-Sun ! m’encourage mon frère, Tu vas y arriver !
- Oui, ajoute Chin-Hae, Fais le pour moi !

C’est plaisant de passer une après-midi comme celle-ci. Ce n'est pas arrivé depuis au moins des années. Je ne le répéterai jamais assez mais ça me rend euphorique de voir mon frère aussi comblé. Il est vrai qu’il y a encore deux ans, il traînait dans les bars parce qu’il était du même mental que ceux qui deviennent addictes. Mes parents lui demandaient : “Quand est-ce que tu nous ramènes une fille ?” très gentillement mais il le prenait toujours mal puisqu’on lui rappelait tous les jours qu’il allait bientôt trouver quelqu’un. Il me répondait la plupart du temps : “Bientôt ? C’est quand bientôt ? Dans un millénaire ? A ma mort ?” et moi je lui répétais que j’étais désolé. Mon enfance n’a pas été si dure que l’on peut l’imaginer, c’est vrai, du moins c’est ce que je pense. Je pense que j’avais si mal mentalement pour mon frère que je m'acharnais à le défendre et à toujours vouloir le protéger. Je suis la cadette certes mais je ne veux en aucun cas que mon frère soit blessé ou triste. J’étais si abattue lorsqu’il revenait en pleurant parce que les autres se moquaient de lui et de son physique. Un soir, on l’a retrouvé à l’hôpital avec mes parents parce qu’il avait fait une crise : Il ne mangeait plus du tout. Pendant une période de sa vie il a perdu presque trente kilos et est devenu anorexique. C’était très compliqué pour moi de l’aider puisqu’il refusait catégoriquement mon aide. Il m’avait dit que tous les garçons étaient à mes pieds et que j’avais plein d’amis. Moi, je ne voulais être avec personne d’autre puisque je perdais du temps à passer avec mon frère. Je ne voulais pas le laisser oui, il en était hors de question. Mon frère et sa maladie était ma priorité. Peut-être fallait-il que j’oublie mon passé mais je n’y arrivait pas. Cela me rattachait à ce que j’étais et ma “souffrance” causée par le mal-être de mon frère. Le voir alors aujourd’hui avec ce sourire aussi étincelant que contagieux me remplit de joie. J’aimerais que le temps s’arrête et qu’il reste comme ça pendant des décennies. Malheureusement pour moi et pour lui, j’avais compris que ce temps n’allait pas durer éternellement.

J'espère que ça vous as plu ! J'ai mis beaucoup de temps à me décider à sortir cette histoire. Si vous avez des remarques à faire ou quelque chose à améliorer dans chaque chapitre, vous pouvez venir me voir. Merci d'avoir lu jusqu'au bout !

Empathy Excess {Tome 1}Where stories live. Discover now