Empathy Excess {Tome 1}

Des problèmes familiaux.

Dix heures vingt quatre, c’est l’heure à laquelle nous arrivons à l’hôpital de Monroe. A vrai dire je suis plus stressée qu’autre chose parce que je vais devoir ramener mon père à la maison mais comment faire pour ne pas le brusquer ? Il pourrait peut-être ne pas me reconnaître ou pire encore, me demander où est passé mon frère. Mais qu’est-ce que je pourrais lui répondre mise à part ma réponse classique : “il est très occupé en ce moment” ? Ca me rend malade de lui mentir sans cesse même si la minute d’après, il oublie pourquoi son fils n’est pas venu. 

En vérité, le problème est plus profond qu’un simple refus de son orientation sexuelle. Si je disais à Jongdae que papa en aurait que pour quelques mois, est-ce qu’il culpabiliserait de l’avoir laissé autant d’années seul ? Je sais qu’il l’aime en fond, du moins je l’espère. Laissez-moi vous raconter.

Lorsque nous nous sommes retrouvés “à la rue” avec mon frère -et que Minseok nous logeait- il se trouve que mon frère m’avait légèrement menti lorsqu’il m’a dit qu’il s’occuperait de nos parents. Un soir, je l’ai surpris en train de discuter de la situation avec Angel, bien après qu’on l’ai rencontré. Je n’ai jamais voulu en parler car je me suis dis qu’il avait ses raisons mais plus j’y penses et plus je me demande pourquoi il me cachait quelque chose d’aussi stupide. Angel et lui était plus proche que je ne le pensais. Avec Audrey aussi d’ailleurs. Il avait rencontré Audrey au travail de Min-Seok un an avant notre rencontre dans l’appartement des filles. Il ne m’avait jamais tenu au courant pour l’affaire du frère de Min-Seok et tout ce que Ji-Yong avait raconté. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi Ji-Yong ne m’a pas dit qu’il avait rencontré mon frère, par la même occasion. Vous sentez des incohérences ? Moi aussi.

Mon frangin avait rencontré Angel dans son cabinet à l’hôpital puisqu’elle était sa patiente. Je ne remets pas la faute sur les filles parce que soit elles étaient contraintes à me cacher cet élément, soit parce qu’elles ne voulaient pas que je sois mise de côté en me disant que mon frère était un grand ami. Je ne sais pas vraiment si j’en veux à mon frère parce qu’il aurait pu les contraindre à ne rien me dire pour me protéger encore comme il adore le dire. 

Enfin bref, ce soir-là, il était au téléphone avec Angel et au bord des larmes, assis sur le canapé, sa tête posée sur la paume de la main dont le coude était appuyé sur son genou. 

“Comment je pourrais aller les voir alors que ma mère est en train de mourir, soupira-t-il un instant, si tu savais le sourire qu’avait ma mère quand je lui ai dit que j’allais me marier avec elle. Je ne l’ai jamais vue si heureuse.”

Oui, vous avez bien lu. Tous ces jours où il partait soi-disant voir nos parents, j’ai appris qu’en réalité, c’était pour revoir Aya parce qu’il l’aimait mais pas seulement. Il ne voulait pas tourner la page parce que pour lui, admettre qu’elle était partie, c’était comme tomber à nouveau dans la phase la plus sombre de sa vie. Il l’avait demandé en mariage avant qu’il n’apprenne ce qu’elle faisait dans son dos mais je n’étais pas au courant. Ce qui expliquait pourquoi il avait été si réticent lorsqu’il a appris que je m’étais fiancée. Il voulait seulement ne pas gâcher “mon moment” comme de nombreuses fois. 

En réalité, il n’avait jamais été voir mes parents et ma mère était en train de mourir sans que je ne m’en rende compte. Je me suis dit qu’il en avait déjà assez sur le dos alors je n’allais pas en rajouter, par peur de l’achever. 

Le lendemain, j’ai demandé à Min-Seok de m’amener jusqu’à Monroe, voir mes parents. Mes parents ont eu un réel choc lorsqu’ils m’ont vu. Ma mère m’a prise dans les bras en pleurant, parce que cela faisait des mois que ni moi, ni Jongdae n’avaient donné de nouvelles. Quant à mon père, il était à la fois heureux de me voir et énervé que Jongdae ne soit pas venu. Ma mère ne me parla pas de sa maladie au cœur qui lui provoquera la mort quelques mois plus tard. J’étais au courant qu’elle n’en avait plus pour longtemps et malgré ça, je lui souriais, ne bronchait pas et riait même avec elle. Mon père avait parfois des moments d'absence mentale que je ne comprenais pas vraiment.