Améthys saison 3 - La Libération II (Terminée)

15 part 2

Le train sort bientôt du tunnel, j'aperçois de grandes tours sombres, et la ville est entourée d'une immense forteresse en métal. On ne distingue même pas le ciel et tout est peu éclairé.

— Ça a empiré, commente Killis, on dirait qu'ils vivent tous entassés les uns sur les autres ! J'espère que Cirth n'est pas dans la même situation !

Laine secoue la tête.

— Une nouvelle loi a été instaurée : deux enfants, pas plus, et ceux tous les six ans, lui apprend Laine. Mais avec les nouvelles épreuves, notre population diminue d'années en années.

Le train finit par s'arrêter. Nous quittons la navette et faisons la queue pour pointer notre pass à un portique d'accès. Nous longeons ainsi un petit corridor avant de monter quelques marches d'escaliers et arriver dans la ville. Les rues sont bondées de monde. Je ne pensais pas voir autant de personnes.

Laine redresse la capuche de sa cape puis fait apparaître l'écran de sa montre.

— Il y a un marché de nuit à une quinzaine de minutes d'ici où nous pourrions trouver du Kulunjik, annonce-t-il en nous montrant la direction du doigt.

Nous le suivons tout en contemplant l'environnement autour de nous. Il y a tout un melting-pot d'êtres, dont certains avec un corps d'homme mais avec une tête d'insecte. Argawaen a dit qu'il fallait faire attention à ceux là.

Quelqu'un me bouscule soudain et j'ai l'impression qu'on fouille dans mes poches. Killis attrape brusquement la main de la personne qui me bouscule. Un enfant, ayant une tête de criquet.

Il s'adresse à l'enfant dans sa langue, lui demandant ce qu'il cherchait.

— Rien, monsieur le voyageur ! Rien !

Étrangement, j'ai l'impression de comprendre ce qu'il dit.

Killis le lâche et le foudroie du regard.

— Alors va jouer ailleurs, petit !

L'enfant s'éloigne aussitôt.

— Ils vivent toujours dans la pauvreté, un peu normal que les enfants apprennent à voler dès leur plus jeune âge, souffle Killis. Faites attention.

Acyl et moi échangeons un regard avant d'acquiescer. Nous poursuivons notre route jusqu'à atteindre le marché. Laine regarde sur sa montre une image du Kulunjik que lui a montré Licia. Nous observons les maraîchers et leurs produits avant d'en trouver un qui en vend.

— 3 pour 100 meridians ! annonce-t-il.

— 100 méridians ! s'écrie Acyl, c'est 94 Uniss ! C'est cher pour trois champignons !

— Ils font des prix spéciaux pour les étrangers, commente Gale en observant les Kulunjiks. C'est 5 meridians pour les Andromédraens.

C'est d'ailleurs écrit sur une petite pancarte.

Laine retire un stylo analyseur pour scanner un champignon. Argawaen nous a dit de faire attention, ils sont les rois des arnaques.

Le stylo s'éclaire d'une lueur rouge.

— Et en plus, ce n'est pas du Kulunjik ! gronde Acyl.

Laine dépose le champignon et nous nous remettons en route. Cependant le marchand nous poursuit en criant :

— Kulunjik ! Kulunjik ?

Il tire sur la cape de Laine.

— Kulunjik, moi avoir vrai ! dit-il dans notre langue avec un accent.

— Vous avez du vrai ? Vraiment ?

Laine arque un sourcil.

Le marchand hausse la tête et lui montre le bâtiment insalubre derrière lui. Laine lui donne une claque de la main pour qu'il le lâche.

— Je ne suis plus intéressé par un vendeur escroc.

Il tourne les talons et nous le suivons, laissant le vendeur dépité.

Quelques mètres plus loin, même déception. Les champignons sont des faux.

— Vous pensez qu'on va réellement en trouver ? Pourquoi vendent-ils de faux champignons ? Questionne Acyl.

— On dirait que c'est devenu une denrée rare et chère, répond Killis qui observe une affiche publicitaire sur laquelle on voit une boisson au Kulunjik, vantée pour sa capacité énergisante.

Laine grimace et s'approche d'un vendeur l'attrapant par le col de sa chemise et gronde :

— Le Kulunjik ! Où peut-on en trouver ?

Le vendeur attrape son paquet de faux Kulunjik.

— Ça, être Kulunjik.

— Ne me prenez pas pour un idiot ! Ceci est un autre champignon qui ressemble au Kulunjik, le Chlokun !

Le vendeur secoue la tête.

— Boudjelaihs... Boudjelaihs usine !

— Une usine de Boudjelaihs ? répété-je.

Laine lâche le vendeur qui acquiesce et explique :

— Migration Granaphalas, beaucoup de culture partie ! Boudjelaihs, tout pris cette saison... ici plus de Kulunjik.

— Donc les Boudjelaihs ont gardé les champignons ?

Le vendeur opine du chef et je pousse un grognement. Il ne manquait plus que ça. On ne voulait pas se faire repérer, mais on n'aura pas le choix.