Chapitre 23

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Améthys


J'ai arpenté les différents lieux qui nous étaient accessibles, tout en rencontrant les sang-purs qui dormaient dans le laboratoire des Boudjelaihs, dont ma mère m'a présenté. Je suis soulagée et contente qu'ils aient survécu, mais maintenant, je me demande si les Boudjelaihs n'en retiennent pas d'autres ailleurs. Il y a tellement de colonies et autant de laboratoires secrets qu'il serait possible qu'il reste encore une minorité de sang-purs encore emprisonnée. Nous en aurons la réponse une fois sur Cirth. Je vais retrouver Palco et la faire parler...

Ma mère me fait ensuite entrer dans un petit salon où le professeur Laine discute avec une femme aux longs cheveux roux. Elle se redresse immédiatement en me voyant et incline la tête.

— Votre Bienfaitrice royale, je veux dire... Dame Émeraude, je ne suis pas encore habituée à ces formalités, dit-elle en posant la main sur son visage, l'air embarrassé.

— Ne vous en faîtes pas, Dame Kiera, je sais qu'il vous fera du temps à vous accommoder à une vie sans protocole, lui répond ma mère. (Elle se tourne vers moi) Voici Dame Kiera Erwony El Ild. Elle est membre de l'une des cinq familles royales... Du moins maintenant, nous sommes les dernières membres des familles royales...

J'incline la tête pour la saluer, je me souviens que lorsque j'étais petite mon oncle m'avait appris notre histoire, et la Galaxie de Gilde Galad était sous le joug de cinq familles royales. Je me tourne d'ailleurs vers lui qui reste impassible.

— Je vais aller faire un tour dans le grand salon, annonce Dame Kiera, nous nous reverrons plus tard Sir Laine.

— Je vous accompagne un instant, complète ma mère, je dois rejoindre la salle de commande.

Les portes se referment derrière les deux femmes et je me retrouve seule avec le professeur.

— Comment te sens-tu ? questionne-t-il alors.

— En pleine forme, c'est comme si je n'ai jamais été infectée par quoi que ce soit...

— Les sangs purs ont cette particularité de guérir rapidement une fois que leur système immunitaire a compris comment vaincre un parasite...

— Tu parles comme si tu n'étais pas un sang pur...

— Je ne peux pas être considéré comme tel, même si mon père en était un...

— Mais je me souviens que tes blessures pouvaient se cicatriser d'elles-mêmes.

— Même si mon corps se soigne de lui même, je ne peux pas, comme toi ou les autres sang-purs, utiliser le don de guérison sur d'autres personnes... De quoi d'autres te souviens-tu ?

Je m'installe dans la canapé et me sers d'un étrange biscuit de couleur vert.

— Je me souviens de tout, tonton Othar, dis-je en croquant dans le petit gâteau. Tu m'as élevée, tu me lisais des histoires tous les soirs avant de m'endormir, tu me sermonnais lorsque je faisais des bêtises, tu me réconfortais lorsque je faisais des cauchemars ou que j'entendais des hurlements dont je ne comprenais pas le sens... Tu m'as révélé mes pouvoirs, tu m'as appris à les contrôler...

Je repense à mes souvenirs d'enfance, je devais être comme toutes les petites filles de mon âge, insouciante ou peut-être inconsciente du danger... Seuls les hurlements que j'entendais la nuit me faisaient peurs... Mis à part ça, cela ne me dérangeait pas d'aller me promener seule la nuit, j'avais l'impression d'être connectée à la nature... C'est certainement comme cela que j'ai trouvé le tombeau, que j'ai découvert la Source et que j'ai rencontré les ancêtres.

— Je suis désolée, confié-je, en le regardant d'un air triste. Je ne suis pas sûre de m'être comportée comme tu l'attendais à l'Académie...

Il secoue la tête et pose sa main sur ma tête pour me caresser les cheveux tendrement. Comme lorsque j'étais petite, il le faisait à chaque fois pour me réconforter.

— Je suis celui qui est en tort. J'ai effacé ta mémoire et la seule chose dont je t'ai laissé en mémoire étaient mes paroles.

— « Ne montre pas qui tu es. Ne montre pas tes pouvoirs. Choisi en un et montre le leur, ou tu seras en danger ! »... J'ai cru un moment que c'était Émeraude... « N'oublie pas, je suis une étoile et je veille sur toi ! » Ce sont des paroles dîtes plutôt par une mère...

Il esquisse un sourire.

— C'est une berceuse que me chantait ma mère, une berceuse que j'ai dû chanter à ta mère lorsqu'elle était un nourrisson... Actuellement, tu ne dois pas t'en vouloir. Peu importe comment tu allais te comporter à l'Académie, tu ne devais surtout pas révéler tes pouvoirs. Tu t'es bien débrouillée... Même avec moi qui ai dû me comporter comme un inconnu à tes yeux, je sais que tu as tout fait pour garder ton secret. Je suis fier de toi.

Mes yeux s'embuent de larmes, ce n'est pas le professeur qui me parle, non, c'est mon oncle, mon tuteur dont je n'arrivais plus à me souvenir. Même s'il était le professeur sévère et impassible, je suis heureuse de le retrouver.

— Oncle Othar, je suis contente de te retrouver, avoué-je.

Il me fait un sourire et essuie mes larmes.

— Moi aussi, ma petite fille. Et je m'excuse de t'avoir mené la vie dure... Je ne voulais simplement pas éveillé quelconque soupçon.

Je hoche la tête. Peu importe ce qu'il s'est passé, on ne peut rien changer de toute façon. Je ne peux m'empêcher de me jeter dans ses bras. J'ai tant attendu ce moment, j'ai retrouvé ma famille.

Je m'éloigne de mon oncle qui s'empare d'une petite bourse dans sa poche et me la confie.

— Regarde ce qui est à l'intérieur, dit-il.

Je distingue cinq pierres précieuses dont l'une d'elle n'est autre que le pendentif que j'avais donné à Flame pour qu'il se sente mieux.

J'étale ensuite les pierres en cercle sur la table, et des souvenirs défilent les uns après les autres. Le tombeau, la Source, les lunes de Cirth et les cinq pierres qui brillent et lévitent au creux de ma main, l'univers qui apparaît.

— Le jeu de l'évolution de notre système solaire, déclaré-je.

— La vérité c'est que ce n'était pas un jeu. Ce sont grâce à ces pierres que tu peux maintenir la Source. C'est un petit rituel que l'on peut faire une fois par an...

— Un petit rituel ? Lui coupé-je en pensant à tous les efforts épuisants que je devais faire pour maintenir le pouvoir de ses pierres.

Il sourit.

— J'ai dû te le faire faire chaque semaine pour que la Source puisse vivre assez longtemps sachant que tu n'allais plus pouvoir le faire durant quelques années.

Je plisse les yeux et fixe les pierres.

— Que se passe-t-il si la Source est vide ?

— La vie sur Cirth ou même sur Tétra disparaîtra à petit feu... Bien entendu, cela prendrait plusieurs années, mais Cirth deviendrait une planète inhabitable : les arbres, la végétation ne pousseraient plus et l'air deviendrait irrespirable.

— J'ai fait un rêve, il n'y avait plus rien dans la Source, le commandor avait tout pris...

— Tu peux encore changer ce rêve, nous l'en empêcherons.

J'acquiesce. Je ne dois pas avoir peur de mes cauchemars, peu importe ce que je vois, je dois tout mettre en œuvre pour les changer.

— Lorsque nous arriverons sur Tétra, tu pourras faire le jeu de l'évolution. La Source pourra à nouveau se stabiliser.  

Améthys saison 3 - La Libération II (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant