Chapitre 41

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À quel moment. À partir de quand.

On dit que notre vie défile quand on va mourir.

Baliverne, seule une pensée nous assaille. La chose à laquelle on tient le plus. Celle qui peut nous permettre de nous en sortir. Celle qui nous donne la force de nous battre jusqu'au bout.

Yoongi.

Il n'y avait plus que lui maintenant.

Pour lui, je me devais de vivre, d'échapper aux mains de mon père qui m'étranglait sur le sol. Je tournais la tête.

À gauche, il n'y avait que l'escalier et mon sac qui gisait sur la première marche. En face, mon père avait un regard noir, rageur et dément. À droite, ma mère au sol, de là où j'étais et avec ma vue trouble je n'arrivais pas à distinguer si elle respirait encore. J'étais arrivé quelques secondes auparavant et à peine avais-je ouvert la porte d'entrée que mon père m'avait sauté dessus en hurlant « Espèce de sale menteur, vous êtes tous que des connards ! ».

Je devais vite réagir, l'air commençait à me manquer et mon esprit divaguait, j'avais de plus en plus de mal à réfléchir. Il était bien trop fort pour que j'arrive à lui retirer ses mains. J'essayais de taper avec mes jambes, mais rien à faire il ne bougea pas d'un iota. Je ressentais comme une trop forte pression dans mes yeux qui me rendit d'un coup aveugle.

Mes mains étaient toujours autour de ses avant-bras, j'essayais de le griffer, d'atteindre son visage, mais impossible...

Ma bouche ouverte essayait de capter un semblant d'air, mais c'était impossible. Des larmes s'échappèrent. Pas de douleur, non, je n'avais pas mal. De tristesse. Est-ce que ça allait se finir comme ça ? Là dans l'entrée de cette maison. La porte était ouverte, n'y avait-il personne qui entendait ? Personne qui interviendrait ?

J'avais encore tellement de choses à faire... J'aimerais aller à l'université.

Étudier.

La danse, c'est ça que j'aimerai faire, maintenant je le savais. J'avais aimé faire et répéter la chorégraphie avec tout le monde. C'était facile, drôle, émouvant.

Enseigner.

J'aimerais en faire mon métier, apprendre aux autres à danser, à se libérer, à trouver une échappatoire à ce monde merveilleux mais si terrible.

Voyager.

J'aimerais découvrir plein de lieux avec tous ceux que j'aime, aller sur d'autres continents, tester, gouter, apprendre, échanger, partager.

Vieillir.

J'aimerais voir, ceux qui sont importants pour moi, grandir, évoluer, s'aimer, se réaliser.

Vivre.

J'aimerais vivre avec Yoongi. Déménager avec lui, étudier dans la même école que lui, voyager avec lui, vieillir avec lui, partager chaque moment de notre vie ensemble.

Yoongi.

Mes muscles commencèrent à se détendre, mes bras tombèrent de part et d'autre de mon corps sur le carrelage frais, me procurant un énième frisson. Étrangement, j'étais bien, comme apaisé, voire euphorique. Pourquoi ? J'allais mourir pourtant... Mais cette sensation était si tendre que je me laissais aller.

- Jimin !

Yoongi ?

Les mains de mon père cessèrent leurs pressions autour de mon cou. Mes poumons étaient enfin libres de pouvoir recevoir de l'oxygène. Incapable de contrôler l'important afflux d'air dont j'avais tellement besoin, mes yeux restaient fermés et mon corps ne pouvait toujours pas bouger. J'en aurais presque regretté l'instant précédent où la vie m'abandonnait, si douce. Elle était à présent remplacée par la panique et la douleur omniprésente dans tout mon corps. J'arrivais à sentir mon sang qui transportait cette molécule nécessaire à ma survie. Je le sentais irriguer mes bras puis mes jambes. Je pouvais à présent les bouger. Le bourdonnement dans mes oreilles s'arrêtait enfin. Je pouvais percevoir des bruits de combat. Qui se battait ? Qu'est-ce qu'il se passait ?

Fil rouge (Yoonmin) ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant