Semaine 6

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Lettre de Samuel

Bonjour Jean,

        Je ne sais pas ce que j'ai, mais mon dos me fait souffrir. Il va peut-être falloir que je cesse de dormir dans ma voiture. Cela ou le surpoids. J'ai pas mal pris depuis que Julie et Aurore ne sont plus là. Entre mes boulots de nuit et les cours de boxe que je donnais en journée, j'étais bien plus actif dans le temps. L'alcool doit probablement y contribuer aussi. Je voudrais arrêter, mais c'est parfois la seule chose qui me permet de dormir quelques heures. Je me dis que ce n'est pas pire que des somnifères vu comment les gens finissent par ne plus pouvoir s'en passer. La voie que j'ai choisie ne va pas m'aider et mon futur se profile certainement comme celui d'un somnambule. Cela fait déjà un moment que mon âme se consume telle une feuille de papier. Non, je ne m'attends pas à pouvoir de nouveau sommeiller sereinement un jour. Anton a même envahi une sorte de cauchemar éveillé que je faisais hier à propos d'Aurore et d'une ombre ou d'une brume tueuse. Je ne sais plus exactement. J'en ai oublié la plupart des détails maintenant. Dans tous les cas, ce déchet ne méritait pas de s'approcher d'elle. La rancœur que cela m'a laissée au réveil a depuis complètement effacé la culpabilité incompréhensible que j'éprouvais à l'avoir tué.

        En parlant de lui, il n'y a pas grand-chose du côté de son habitation, mais son téléphone s'agite beaucoup. Ce sont principalement des numéros au libellé peu clair. Mon intuition s'est révélée la bonne et ces numéros appartiennent bien à l'organisation. Au vu des menaces et de la fréquence des appels et des messages, j'ai jugé préférable de cacher le portable dans une fissure abritée d'un mur se trouvant dans une ruelle proche pour ne pas risquer d'être tracé. Cela donne un peu l'impression d'être paranoïaque, mais je préfère faire montre de prudence. Son téléphone ne m'a pas appris grand-chose sur la personne que je cherche, mais quelqu'un va passer dans deux jours. Il serait bien que j'y retourne avant, car il risque d'y avoir plus de surveillance après et, pour le moment, je n'ai rien repéré de suspect. Je pense fouiller sa maison dès cet après-midi. Je serai plus discret en pleine journée plutôt qu'avec une lampe torche de nuit ou même les lumières des pièces.

        Je veux croire que ce nom est une piste. Il le faut, sinon je n'ai plus rien.

P.S. Désolé pour la couleur verte. Je n'arrivais pas à remettre la main sur mon stylo habituel et j'avais déjà commencé avec un autre quand je me suis souvenu de son emplacement. Julie m'aurait sûrement fait réécrire le tout si elle avait vu ça. Ce que les autres pensaient de moi était si important pour elle. Moi, j'en cherche encore la raison.

Samuel

L'Appel du ColibriWhere stories live. Discover now