Semaine 26

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Lettre de Samuel

Ô vent, emporte et amène ces mots à ceux concernés pour qu'ils sauvent le monde !

        J'écris n'importe quoi. Bref, les nouvelles de cette semaine. J'ai enfin fini d'aider Godric à installer sa machine infernale et meubler son chez-lui au sein du nouveau QG. C'est difficile de dire à quel point cela me ravit tout en restant poli. Entre le lit éclaté à la livraison et l'armoire à la conception la plus douteuse que j'aie jamais connue, j'ai craqué en silence plus d'une fois. Et son papier peint... C'était plus simple de peindre tous ces murs, mais est-ce qu'il aurait changé d'avis ? Non. Il tenait à son papier peint. Si je refais des travaux pour lui dans le futur, c'est avec son sang que je repeins les murs... Quant à sa machine diabolique, les branchements informatiques et moi, c'est une haine à vie. Enfin, au moins Godric est bien installé et il va pouvoir s'éclater avec Blood ICT, car oui, il a donné un nom à tout cet enchevêtrement de câbles et d'ordinateurs. Au bout de plusieurs semaines, j'en suis venu à la conclusion qu'il était fou. Compétent, mais fou.

        Comment quelqu'un peut-il se passionner à ce point pour l'informatique ? Je conçois l'intérêt de créer une entité intelligente capable de prédire les endroits et les heures à éviter. Il compte arriver à ce résultat en se basant sur les arrestations et les contrôles existants, mais je ne comprends pas qu'on le suive dans le moyen d'optimiser tout cela. Des ratés vont avoir lieu. Tout le monde en a conscience, mais ça n'importe à personne que ce soient des vies réelles qui vont payer les pots cassés des "erreurs d'apprentissage" de son monstre numérique. Est-ce que je suis le seul à craindre le monde qui se profile à l'horizon ? Il a appelé cette abomination Blood ICT, car il sait d'avance qu'il y aura du sang versé pour arriver au résultat final. Résultat en lequel je ne crois d'ailleurs pas. Comment une machine pourrait-elle parvenir à leur faire éviter tous les contrôles de police et s'adapter à tous les changements stratégiques qu'ils pourraient mettre en place ? Il m'a défini ICT comme "information and communications technology". Je pense qu'il essaie de se faire un nom parmi les gens comme lui avec ce projet.

        Sinon, en ce qui concerne un sujet plus réjouissant et pour lequel j'ai moins d'aversion, on a enfin obtenu l'accès à l'ordinateur de Maudiet. Il ne reste plus qu'à y trouver ce que l'on veut. Godric m'a demandé ce que je cherchais, mais je suis d'abord volontairement demeuré flou. Cela n'a servi à rien : il en savait déjà assez sur moi pour deviner que cela avait un lien avec les événements d'il y a 6 ans. Étant donné que tout se lisait dans les journaux, je ne vois pas comment le cacher. Je lui ai donc parlé de ma recherche du coupable, mais aucunement d'Anton et du chemin qui m'a amené à Maudiet et Montferrat. À priori, cela lui suffit pour fouiller dans son ordinateur. Il m'a prévenu que cela pouvait prendre du temps, car il devait rester discret, garder ses connexions courtes et étalées dans le temps. Je ne lui ai pas mis de pression particulière : il s'y connaît mieux que moi. Sans son aide, je serais bien incapable d'arriver à un quelconque résultat.

        En attendant, j'ai décidé de profiter de mon temps libre récupéré pour réellement reprendre contact avec Alona. Godric ayant son chez-lui et son monstre étant monté, je vais retrouver un emploi du temps similaire à celui que j'avais quand j'ai commencé à travailler avec lui.

        Alona m'inquiète beaucoup en ce moment. Je ne suis presque jamais là-bas, mais on dirait que j'ai une esclave à la maison. Elle m'attend comme un chien à la porte quand je rentre. Elle a même mémorisé l'heure à laquelle je m'en vais à la boxe et elle se tient maintenant prête à me dire au revoir, mon sac à la main, quand elle m'entend me lever pour partir. Je ne comprends pas comment elle fait pour se reposer la nuit. Elle doit probablement le faire dans la journée en prévision. Franchement, elle me fait presque peur avec son sourire permanent.

L'Appel du ColibriWhere stories live. Discover now