Grandir Sans Diagnostic

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J'ai été diagnostiquée autiste le 29 juin 2020, à l'âge de 19 ans.

Toutes ces années on m'a collé des étiquettes; "timide, bizarre, paresseuse, etc" et on me reprochait mes difficultés liées à mon autisme.
Je me sentais incomprise de tous mais aussi de moi-même. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi j'étais comme ça.

J'ai été harcelée parce que j'étais différente. Pendant plusieurs années, par de multiples personnes et dans le divers lieux.
D'un autre côté, ma mère, mes professeurs, tout le monde me disait que je n'étais pas normale, que ce n'était pas normal de ne pas être capable de se faire des amis.
J'ai fini par penser que quelque chose n'allait pas chez moi.

Du coup, pendant mes années de lycée, j'ai essayé d'avoir le comportement que je pensais que l'on attendait de moi pour me fondre dans la masse et tenter de me faire des amis. Bien que je faisais de mon mieux, comme je n'étais pas très bonne à ça, je n'arrivais toujours pas à rentrer dans le moule. Cela m'a fait me sentir encore plus mal à propos de moi-même.

En conclusion:

Je n'avais pas besoin des gens pour me dire à quel point j'étais différente et pour me le reprocher sans m'aider à me comprendre.
J'avais besoin de me comprendre, j'avais besoin d'entendre que rien ne clochait chez moi et, plus important encore, j'avais besoin que quelqu'un m'accepte telle que je le suis, que cette personne me dise qu'il n'y avait rien de mal à être différente.

Avant d'être diagnostiquée, ma psychiatre (pas celui du CRA) m'a demandé pourquoi il était si important pour moi de me coller cette étiquette d'autiste. C'est très simple:
Premièrement sans le diagnostic, on me colle déjà des étiquettes "timide, bizarre, paresseuse, etc" au moins le diagnostic d'autiste allait me coller une étiquette qui m'expliquerait ma différence et qui m'aiderait à me comprendre et à m'accepter comme je suis contrairement aux étiquettes posées par autrui.
Deuxièmement, je trouve que c'est un comble pour la psychiatre qui m'a posé le diagnostic d'anxio-dépressive de me demander à quoi ça me servirait. Ça me sert à avoir l'aide dont j'ai besoin. En tant que personne qui pose des diagnostics elle n'aurait même pas du poser la question.

Post-diagnostic, je peux dire que le diagnostic m'a aidé plus en quelques mois que cette psychiatre en plusieurs années.
-Ça m'a aidé à me comprendre, à m'accepter, à mettre des mots sur mes difficultés et à mettre en place des aménagements pour m'aider face à elles.
-J'ai enfin les aides et la compréhension (de certaines personnes du moins) dont j'avais tant besoin pendant tout ce temps
-Ma mère s'est informée par rapport à l'autisme, elle comprend désormais tous les efforts que j'ai faits depuis tout ce temps pour essayer de m'adapter et elle comprend plus ou moins que je n'arrive plus à masquer mes traits autistiques. De plus elle fait de son mieux pour m'aider et m'accepter comme je suis réellement.

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