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septembre deux-milles quatorze

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septembre deux-milles quatorze

ken doit arriver chez moi d'une minute à l'autre, et c'est toujours le bordel chez moi. la vaisselle est pas lavée, tous mes sacs de courses et de livraisons sont encore dans mon salon. on dirait que depuis malo, je suis incapable de lâcher mon statut d'épave.

j'essaie de me rassurer en me disant que ça va passer, que c'est qu'une mauvaise période et que c'est pas la première fois que je vis une rupture. qu'avec l'expérience, je devrais être capable de connaître ma propre valeur et d'arrêter de me plier pour des mecs qui en valent pas la peine. mais à chaque rupture, c'est un nouveau problème. je sais même pas pourquoi je donne des conseils à des gens alors que je suis incapable de les appliquer.

une rupture, ça fait toujours mal. le problème, c'est que c'est constamment les gens qui partent, qui décident de me blesser. sûrement qu'ils considèrent qu'il y a mieux pour eux ailleurs. je ne me suffit même pas à moi-même, comment est-ce que je pourrais suffir à quelqu'un ?

— cha' ? t'es là ?

c'est la voix de ken. je devrais peut-être penser à fermer ma porte à clef. quoi que, il sait où je cache ma clef, c'est pas la première fois qu'il rentre chez moi comme si c'était sa propre maison.

— ouais, dans la salle de bain ! attends-moi deux secondes, j'suis pas habillée, je ne me presse même pas pour le rejoindre dans mon salon, bien trop captivée par mon reflet. j'ai jamais su vraiment l'aimer. mais là, je le déteste encore plus. j'ai tout fait pour qu'il m'attire pourtant. mais je trouverai toujours un moyen pour dire qu'il ne me satisfait en rien.

je finis par enfiler le peignoir en satin pendu dans ma salle de bain avant de rejoindre ken, affalé dans mon canapé comme si de rien était. je le regarde furtivement sans tenter de maintenir le contact visuel entre lui et moi. j'ai peur qu'il me voit comme mon miroir. que je le répugne. qu'il parte, définitivement, de son plein gré, lui aussi. j'aimerai qu'il s'attache plutôt à l'image que je donne aux gens. celle qui charme, qui offre quelque chose d'apaisant. si seulement le monde savait à quel point ma tête brûle et combien elle n'a jamais su tenir en place.

— comme ça, tu dis pas bonjour ?

— on est mauvais dans les formalités, tu l'sais.

il esquisse un sourire en coin, signe qu'il pense beaucoup, sûrement d'à quel point je parais pathétique, mais qu'il n'en dira rien.

— t'as plus de télé, il me fait remarquer en pointant le meuble vide de mon salon.

— l'ancienne marchait plus, faut que je m'en rachète une.

— c'est tendu en c'moment ?

— pas vraiment. mais j'ai toujours pour projet d'ouvrir un restau à côté du studio, donc bon.

je me triture les doigts : je déteste toujours les dix premières minutes de nos retrouvailles. on a recouché ensemble la semaine dernière, mais c'était différent. on avait pas eu à discuter puisque j'avais empêché toutes ses tentatives. je voulais le sentir près de moi, rien de plus.

CHÂTEAU DE SABLEWhere stories live. Discover now