la bonne étoile

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décembre deux-milles quatorze

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décembre deux-milles quatorze

— c'est vraiment sympa d'être venue ce soir ada. j'sais que tu bosses beaucoup en ce moment, trop même, c'est michel qui me l'a dit. mais repose-toi un peu, tu sais, des fois il faut savoir écouter son corps.

— t'en fais pas, ça m'a fait plaisir de revenir vous filer un coup de main, je lui souris en séchant au torchon la dernière spatule.

— et elle va bien gazu ? ça fait un moment qu'on l'a pas vue non plus, la girafe.

— plus ou moins. elle se met beaucoup de pression, elle travaille tout le temps aussi mais elle pense souvent à vous. on pensait revenir un peu plus souvent en janvier.

ça fait parti de nos résolutions de deux-milles quinze, de revenir plus souvent à la soupe populaire. c'est eux qui m'ont nourri pendant quatre mois quand j'ai arrêté mes études de médecine et que j'ai coupé les ponts avec mes darons. les filles me logeaient à tour de rôle mais je me sentais trop mal de venir gratter à la fois le canapé et le frigo, alors je venais gratter l'assiette ici. après, avec gazu on a prit la relève : tous les vendredis on était bénévole aux soupes de belleville, c'est devenu nos potes et on a rencontré des gens de ouf avec des histoires de ouf. le temps nous a un peu rattrapé, on y est moins mais quand on peut, ça nous arrive encore de venir faire un tour.

— vous êtes formidables quand même les filles, elle me relance en me regardant comme si j'étais sa gamine.

— abuse pas.

— j'abuse pas du tout, vous êtes deux filles bienveillantes, talentueuses et avec un cœur immense.

— c'est gentil, sandra.

elle sait que je déteste les câlins alors elle a arrêté de me serrer fort dans ses bras, mais je vois que ça la démange de pas pouvoir me démontrer son affection encore plus fort.

— bon allez, file. t'as pas que ça à faire de faire la vaisselle, vas te reposer plutôt. on s'occupe de la fermeture avec benjamin et marco.

je jette un coup d'œil à mon téléphone, oscar m'a envoyé un message il y a cinq minutes pour me dire qu'il était posté sur le banc près de la station pyrénées. j'aurais bien aimé insister pour rester, mais j'ai des priorités.

ici, ça pécho.

j'acquiesce donc et je vais récupérer mes affaires sur le portemanteau. je fais un au revoir un peu plus long que prévu aux autres bénévoles qui sont encore là, puis je marche cinq minutes jusqu'au banc où est normalement oscar. c'est la deuxième fois seulement qu'on se voit depuis qu'on s'est rencontrés à la soirée de son cousin. on a commencé un peu à discuter par message, c'est même lui qui a engagé, un jour après qu'il ait choppé mon numéro. un message à la con pour gratter du taff, même s'il m'a avoué un peu plus tard qu'il en avait déjà en réalité trouvé un dans un bar du onzième arrondissement. de là on s'est revus à une autre soirée, je stressais de baisé, ça m'était pas arrivé depuis un bail de me chier dessus pour un mec comme aç. finalement, ça s'est bien passé.

CHÂTEAU DE SABLEWhere stories live. Discover now