château fort

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décembre deux-milles quatorze

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décembre deux-milles quatorze

— et puis charlie, elle adorait la neige. c'est dingue comme ils pouvaient passer leurs journées à faire des batailles de boules de neige avec son frère !

— aujourd'hui ils sont grands, regarde-les. ils en ont rien à faire de nous ou de la neige, ils préfèrent être sur leurs téléphones.

— c'est vrai qu'elle était belle cette époque.

— oh mais arrête suzanne !

— arrêter quoi ?

— arrête d'être nostalgique enfin ! elle est belle aussi cette époque, regarde-moi la baraque dans laquelle tu vis, les deux enfants que t'as élevé, c'est beau ça aussi, non ?

— m'enfin, y'en a un qui est tellement occupé qu'il est même pas capable de poser un jour de congé pour venir fêter noël avec sa famille.

— ça se passe bien d'ailleurs, à san francisco pour hugues ?

— bah écoute, j'crois bien qu'il s'y plaît vraiment. c'est devenu presque un vrai américain, tu l'verrais, avec son accent, ma mère rigole.

moi, je rigole zéro. tu m'étonnes que je reste sur mon téléphone.

ça fait deux ans que mes darons ont déménagé à honfleur, et rien pouvait me faire plus de bien que de les avoir loin de moi. j'en avais ma claque de leurs mensonges, de rentrer chez moi et de devoir faire face à leur mise en scène. pendant les fêtes, c'est encore pire : ma mère est obligée de pousser le jeu encore plus loin. c'est comme si elle tenait absolument à me rappeler sur tous les murs de la maison pourquoi ma rancœur était immuable.

mon frère n'existe plus.

il a disparu quand j'avais onze ans. il m'a fait un bisou sur le front, il devait être approximativement trois heures du matin. j'étais à peine consciente, le sommeil m'avait bien trop happé. il m'a dit qu'il en pouvait plus, qu'il allait se flinguer s'il restait là plus longtemps. je sais plus vraiment si il était en train de pleurer à ce moment-là, quand il m'a dit ça. je sais juste qu'après ce soir-là, il est plus jamais revenu.

— tu veux pas qu'on aille se fumer un truc ?

— y'avait pas meilleur timing pour me demander ça.

il me check et en profite pour m'aider à me relever du canapé où j'étais bien affalée depuis une bonne heure. fallait bien laisser mon organisme se reposer après tout le fois gras ingéré.

ivan, c'est le fils de potes à mes parents. on se connaît depuis qu'on est petits, on partait en vacances ensemble tous les ans pendant que lui habitait à l'année à singapour. il vit à hong kong, maintenant. vraie vie de jet setter, ou juste d'enfant d'expatriés.

CHÂTEAU DE SABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant