teen spirit

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décembre deux-milles quatorze

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décembre deux-milles quatorze

noël, ça pue du cul.

ça me redonne envie de foutre une bombe au sol et de faire exploser toute la planète. j'avais moins de problèmes de colère ces derniers temps. c'est sûrement la météo qui fait revenir la gosse en moi, sauf que j'ai jamais été une gamine qui voyait tout en couleur.

j'avais besoin de me défouler un peu. les filles sont toutes parties voir leurs darons alors je me retrouve dehors solo à paname comme une conne à tirer sur un ballon. même oscar fête noël alors qu'il a aussi coupé les ponts avec sa famille. il m'a même proposé de venir fêter noël chez un pote avec lui. mais pour que je me retrouve à devoir parler à des humains comme ça, j'aurais besoin d'une bonne dose d'ibuprofen.

gazu dit que j'arrive à mieux gérer mon anxiété sociale. j'ai un peu moins peur, c'est vrai. je suis même capable d'engager des discussions avec des vraies personnes sur des sujets un peu plus deep qu'un simple salut. j'en avais marre de me voir comme une vicos quand toutes mes potes sont les personnes les plus sociables sur terre. c'est des fluides : elles prennent la forme de tout ce qui les environne.

— sous la neige, c'est pas idéal.

— mais lâche ma veste toi un peu, non ?

j'ai apprit à trop bien reconnaître sa voix, jusqu'à je l'entends dans mes cauchemars. l'enfer n'a jamais été aussi proche que depuis que ken a déclaré la guerre.

je crois que lui ça le fait rire, il me prend zéro au sérieux. plus j'attaque, plus il m'apprécie, alors j'ai décidé il y a trois jours d'amorcer la stratégie de la guerre non-violente. encore faudrait-il que j'arrive à m'y tenir.

c'est une galère de le voir et de devoir se la jouer peace, sans trop se la jouer peace. je me suis juste imposée la limite de pas en venir aux mains. pour ce qui est des paroles, ça, j'ai tous les droits.

— tu joues au foot juste en bas de chez moi, j'ai pas cherché à te trouver.

— à me parle, ça par contre, je soupire et reprend mon ballon entre mes mains. j'aime pas jouer au foot devant les gens, ça me met mal à l'aise.

— gazu m'a dit que tu serais seule pour noël.

— elle a la bouche.

il sourit en coin et me tend le sachet en plastique qu'il avait entre les mains.

— je voulais déposer ça devant ta porte. c'est des restes du repas de noël de ma grand-mère, j'me suis dit que c'était déjà ça.

— empoisonnés ? je lui réponds en entrouvrant son sachet. je sais pas ce qu'il me veut à m'offrir à graille, on dirait que je lui fais pitié 24/24h.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 03 ⏰

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