moonlight sonata

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novembre deux-milles quatorze

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novembre deux-milles quatorze

je crois que j'ai jamais passé autant de temps avec ken que depuis qu'il a déménagé devant chez moi. c'est un peu bizarre d'un côté, parce que j'ai toujours eu deux types de potes : ceux que je vois une fois de temps en temps, et ceux que je peux me voir tout le temps. ken faisait parti des gens que je voyais que de temps en temps, et c'était bien comme ça, on avait pleins de choses à se raconter en marchant des heures dans le paris d'après-minuit. on finissait toujours la trotte dans le square d'à côté de chez moi. maintenant nos rendez-vous trimestriels se font presque tous les soirs, à part quand mahault crèche chez lui, ou que je suis avec vadim. il a l'air heureux avec elle, même si en réalité j'en sais rien. on se parle plus d'amour lui et moi.

- t'es bien silencieuse toi ce soir, il me sourit en marchant les mains enfouies dans les poches de sa veste.

- j'pensais, je pouffe en ricanant.

- à ?

- qu'on arrive à se parler de tout mais qu'on se parle jamais de tout.

il fronce les sourcils, l'air de vouloir en entendre un peu plus de ma part, mais à la fois pas tant que ça. il doit déjà se douter d'où va mener cette discussion.

- j'sais pas, on dirait que y'a trop de sujets tabous entre toi et moi.

- comment ça ?

- bah, tu vois.. depuis notre dernière embrouille, ça a un peu changé entre nous. tu trouves pas ? on en jamais reparlé de cette embrouille, on fait comme si on était les meilleurs potes du monde depuis dix ans alors que tu sais très bien que c'est faux.

il hausse les épaules, il a vraiment pas l'air de vouloir en parler. je comprends, il a pas envie d'évoquer cette période de sa vie. mais ça fait un moment que j'y pense souvent, et encore plus depuis qu'on se voit tout le temps. comme si j'étais la seule à me rappeler de cette face de notre amitié et qu'il me prenait littéralement pour une conne.

- à l'époque du lycée j'te faisais confiance comme je faisais confiance à personne. je crois que j'ai jamais réussi à refaire confiance à quelqu'un après ça. j'sais que t'as fait des efforts pour revenir vers moi, vers nous, et bien sûr que je t'ai pardonné, mais j'sais pas, j'peux pas m'empêcher de garder de la rancœur. vis-à-vis de toi.

retour en 2009, quand il a merdé une première fois avec maddy. à l'époque on sortait du lycée, je commençais les études sup', je faisais enfin quelque chose qui me plaisait après que le système scolaire m'ait détruite. ma bouée de sauvetage : ken. c'est lui qui m'a poussé à arrêter de me défoncer la gueule tous les soirs après les cours alors qu'il était le premier à m'accompagner dans ma débauche. quand je lui demandais pourquoi il tenait tant à me garder en vie, il me répondait toujours qu'il avait simplement foi en moi. il croyait fermement que j'avais de l'or dans les mains. j'avais passé tellement d'années sans repères, ni alliés, je voulais pas le croire. j'avais vaguement évoqué ma dépression aux filles à l'époque, mais c'était dur pour moi d'en parler comme ça. je voulais qu'elle me voit comme le soleil de la bande, pas comme celle qui rêvait de finir comme kurt cobain.

CHÂTEAU DE SABLEWhere stories live. Discover now