haine hardcore

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décembre deux-milles quatorze

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décembre deux-milles quatorze

on a fait un faux noël avec la bande comme tous les ans, mais je sais pas trop pourquoi, cette année c'est pas la même. et c'est même pas parce qu'on l'a fêté chez doums cette fois-ci que c'est différent.

en ce moment c'est jamais la même. y'a tout qui m'écrase au point où j'en arrive à m'inquiéter pour moi au lieu de me dire que c'est pas si grave. en même temps, ça a jamais été si grave. j'ai jamais eu besoin de faire semblant de sourire, j'ai toujours eu tout pour qu'il vienne s'installer sur mes chicos sans forcer.

c'est hakim qui m'a offert un cadeau pour le secret santa : un verre de vin avec une phrase de con écrite dessus. je suis pas déçue. j'en attendais pas moins de la part des mecs, au moins c'est la seule chose qui a pas changé cette année. leurs cadeaux puent tous la merde, y'a que sneazz qui, une année sur deux, pose plus que cinq balles sur la table.

comme demain j'ai mon train à 7h pour aller chez mes darons à bidart, j'ai dit à tout le monde que je me taillais un peu plus tôt puisque j'avais pas préparé ma valise. et même si je l'avais vraiment pas préparé, ça a jamais été un souci pour moi d'être à la bourre dans mes plans.

mais là, je sais pas. c'était déjà bizarre dans ma tête depuis quelques semaines, j'crois bien que ça fait que s'empirer depuis que ma petite sœur m'a appelé en pleurs hier.

— bah, t'es pas rentrée ?

je me retourne en sursaut, à ça de faire éclater au sol la bouteille de rosé dans ma main gauche et mon nouveau verre de vin dans ma main droite.

— j'pensais aussi.

je suis à moitié gênée qu'il me voit dans cette situation, assise sur un banc du 19ème à deux heures du mat', 'teille à la main, mascara qui a dû se barrer depuis un bon moment. heureusement que l'alcool me fait moins cogiter sur ce genre de détails. j'en suis presque à un stade où je me demande même pas si j'ai l'air assez jolie pour lui plaire.

— donne-moi ça, il essaie de me voler la bouteille des mains, mais je proteste. vraiment là, angé' ?

— tu vas faire quoi avec ? remonter chez doums et dire que tu m'as croisé assise comme une alcoolo à s'enfiler des verres solo ?

il relâche la bouteille lentement sans la lâcher du regard. puis, il reste debout comme un piquet, devant moi, mais en faisant comme si j'existais pas. ça se voit qu'il a un truc dans la tête, et ça me saoule de pas pouvoir y être un peu. savoir ce qu'il pense de moi. ça doit sûrement pas être glorieux, mais ça me démange quand même de vouloir me voir à travers ses yeux.

CHÂTEAU DE SABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant