poison ivy

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décembre deux-milles quatorze

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décembre deux-milles quatorze

ça fait vingt minutes que j'entends mahault pleurer sur le pallier. j'ai guetté un coup dans l'œil de bœuf, elle est assise devant la porte de ken, les mains collées au visage. je sais pas ce qu'il lui a fait mais elle a l'air de pas mal souffrir pour venir pleurer devant chez lui.

elle me fait tellement de peine que je me suis décidée à lui faire un chocolat chaud. c'est le rituel avec les filles quand on en vient à se ridiculiser pour un mec. ça éponge tout.

je la connais pas la go, je sais juste que c'est la meuf du gros con et que gazu m'a dit qu'elle était plutôt cool. il me fout tellement la gerbe que j'en viens à essayer de foutre dans mon camp sa gadji, peut-être qu'elle viendra lui jeter des œufs avec moi pour l'avoir fait chialer comme ça.

— mahault ? je lui lance en ouvrant la porte, la tasse de chocolat chaud entre les mains.

elle relève la tête en sursautant, son eye-liner fait des vagues et son mascara annonce la tempête.

— j'tai entendu pleurer et j'tai préparé ça pour te remonter le moral. c'est toujours con d'pleurer pour un mec.

— mais c'est.. c'est trop gentil, fallait pas, elle se relève et se rue sur ma tasse comme si elle avait pas mangé depuis quatre jours. j'suis vraiment désolé si j'tai dérangé, je sais pas ce qu'il me prend. c'est pas de sa faute si je pleure, au contraire, j'suis venue là en m'disant que y'avait que lui pour me remonter le moral. tu sais où il est passé ?

je me sens débile, moi qui croyait m'être fait une alliée, au final elle le trouve génial aussi. tant pis, elle aura son chocolat et elle arrêtera de faire un boucan devant chez moi.

— ouais il est parti y'a deux heures avec gazu faire un tour. ils devraient pas tarder à rentrer, je lui réponds en regardant l'heure sur mon téléphone. tu veux rester dans l'appart en l'attendant ?

— c'est vrai ? t'es adorable.

elle se jette dans mes bras comme si j'étais sa best friend forever. ça me fait chier les inconnus, toujours difficile de les repousser dans leurs élans d'amour. j'aime pas ça, ils le comprennent pas. sûrement que j'ai trop de joues et que ça leur donne envie de me traiter comme une gamine, je sais pas.

je la laisse rentrer dans l'appartement et elle s'affale sur le canapé en retirant ses chaussures rien qu'avec ses doigts de pieds. je lui ai pas dit de faire comme chez elle mais bon, y'a pas de machine arrière.

— t'as pas déjà eu l'impression que tout t'absorbais ?

je comprends rien à ce qu'elle raconte la go, alors je réponds rien et je fronce les sourcils.

— j'ai l'impression d'être une éponge. que tout m'étouffe. je ressens tout, tout ce qu'il y autour de moi, tout ce que les artistes créaient, j'ai tellement l'impression de m'imprégner de toutes leurs émotions. ça m'étouffe, de ressentir toute la souffrance de vies qui sont pas les miennes. et pourtant, si je les ressens c'est sûrement qu'elles se ressemblent, mais j'arrive pas à déterminer pourquoi ces vies m'affectent autant. j'ai rien vécu de particulier, je suis pas particulière.. c'est sûrement pour ça, alors. j'ai rien de particulier alors je vis au travers de personnes qui ont des particularités. je sais pas si ça fait sens.

CHÂTEAU DE SABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant