Je te vois

3| Dysis

Le garçon part et je ne bouge pas, les bras toujours croisés contre ma poitrine.

Je passe ma langue contre mes dents, contrainte à me dire qu'il a raison.

Comment je vais faire pour m'en sortir ici ? Alors que je ne me rappelle de rien à par, peut-être, mon prénom.

Je ne m'appelle peut-être pas Dysis. Mais quand ce garçon a dit son prénom, Lo'ak, c'est venu dans ma tête comme un certitude.

Dysis.

Une voix la murmurer dans ma tête. Une voix inconnue.

Avec un soupire je me décide de bouger enfin. Je descends la petite pente rapidement pour pouvoir le rejoindre.

Il me jette un regard amusé.

- Alors, on n'a pas besoin d'aide, se moque-t-il.

- Je pourrais m'en sortir sans toi, c'est vrai. Mais il faut se l'avouer, je n'irais pas très loin.

Je distingue un sourire narquois sur son visage.

- Enlève moi ce sourire, dis-je agacée.

Il ne m'écoute pas.

- Donc, tu ne te rappelles de rien ?

- Non.

- Pas même quelques petits souvenirs ?

- Rien du tout. Mon esprit est envahit par un trou noir. Je ne me rappelle que de mon prénom.

- Dysis, dit-il.

Je hoche la tête.

Je ne mens pas. Les quelques images que j'ai dans ma tête se rapporte à quand j'ai ouvert les yeux, et que j'ai vu deux têtes penchées au dessus de moi. Une bleu comme moi, et une petite beige recouverte d'un masque à oxygène.

Mais après ça, je ne serais dire qui je suis, d'où je viens, qu'est-ce que je fais là.

- Je veux bien t'aider, dit-il. Ou du moins te faire découvrir le clan. Mais d'abord je dois te présenter au clan. Sinon ils pourraient te prendre pour une intrue et te tuer.

J'écarquille les yeux.

- Pardon ?

Il laisse échapper un ricanement qui me rends perplexe. Puis il continue son chemin et je le suis. Marcher dans cette forêt pleines de racines qui sillonnent le sol de partout me semble d'une facilité inouïe. Je pourrais même sauter de branche en branche sans me soucier de tomber.

Comme si j'avais fait ça toute ma vie.

Après quelques minutes d'un silence malaisant, brisé par ma respiration, nous arrivons à ce qui me semble être le centre de leur "village".

Il y a plein de personne comme moi. De la peau bleu ciel et de grande taille. Leurs queues battent l'air.

- Ce sont des Na'vis, me dit Lo'ak. Si jamais tu as oublié comment les gens comme toi s'appelaient.

Il n'y a pas d'ironie dans sa voix.

- Merci, je réponds simplement.

Les Na'vis sont tous les même. Je fais tâche avec mes cheveux blancs. Même mes yeux ne sont pas comme leur perles dorés comme le soleil, les miennes sont argentés comme la lune.

- Je vais prévenir la chef puis je te ferais signe quand tu pourras venir.

- Quoi ? Mais je viens avec toi. Tout le monde va me regarder.

- Ils le feront tôt ou tard. Tu es une étrangère ici, ça laisse place à l'intrigue.

Il part me laissant seule, cachée derrière ses immenses arbres, avec mon cœur qui bat de plus en plus vite.