7| Lo'ak

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Je sors de la loge, après ma discussion avec mes parents. Mes épaules sont basses, le dos courbé, les mains pendantes près de mon corps.

J'ai l'esprit ailleurs, la gorge nouée, le cœur serré.

Ce ne fut pas la meilleure discussion de mon existence. J'aurais préféré m'en passer.

Après un regard sur le côté, pour m'assurer que personne ne me voit, je m'accroche à une branche, et monte haut dans les arbres.

Je suis resté plus d'une heure avec mes parents. Et c'était l'heure la plus longue et la plus détestable de toute ma vie.

M'installant sur la branche d'un arbre, caché par la masse verte des grandes feuilles, j'observe le peuple de haut.

Je vois ma grand-mère avec un Na'vi, qui discutent entre eux, à l'écart de la population. D'ici je vois même le laboratoire des scientifiques.

Plus loin je vois même Tuk, qui joue avec notre grand frère.

Neteyam aussi était là, quand j'ai parlé avec mes parents. Seules les filles étaient en dehors de la discussion. Tuk est trop jeune pour entendre parler de ce genre de chose.

Et Kiri, les parents ne voulaient juste pas la mêler à ça.

Je regarde les nantangs, qui sautent de branches en branches et m'observe de leurs yeux jaunes, leurs têtes tombent en avant, d'un air menaçant.

Je ramène les jambes vers moi et pose la tête sur le tronc de l'arbre.

Ma respiration se mélange au souffle du vent, qui vient s'engouffrer dans mes cheveux, faisant vibrer mes tresses contre ma peau.

Les battements de mon cœur résonnent jusqu'à mes oreilles, tandis que les paroles de mon père ne font que revenir dans ma tête.

J'entends des voix, un peu plus loin, et j'entrouve un œil.

En bas, à quelques dizaines de mètres de moi, deux silhouettes se dressent dans les hautes herbes.

Une que je connais très bien. Et l'autre qui est nouvelle depuis quelques jours.

— Je dois te laisser, Dysis, dit ma sœur, assez fort pour que je l'entende comme un murmure, là où je me trouve.

— D'accord.

— Merci encore, sourit ma sœur.

Dysis ne répond rien, ou du moins pas assez fort pour que je l'entende. Mais elle se penche pour poser ses lèvres contre la joue de ma sœur. Je hausse les sourcils.

Ma sœur part dans le sens inverse, vers le laboratoire, et Dysis se dirige vers l'arbre sur lequel je suis assis, balançant ses bras d'avant en arrière, à chaque pas gracieux qu'elle effectue.

J'attrape un petit morceau de branche morte et attends qu'elle passe en dessous de moi. Un sourire se dessine sur mon visage, imaginant déjà sa tête surprise.

Quand j'aperçois ses mèches blanches, juste en dessous de moi, je lâche le morceau de bois, qui ricoche sur sa tête.

Elle pose ses quatre doigts sur son crâne, en relevant la tête.

Caché par les feuilles, elle ne me voit pas.

Je me redresse sur ma branche et saute avant de m'accrocher à une autre.

Mes doigts se referment sur le bois et me coupe légèrement la paume, tandis que je glisse vers le sol.

J'atterris devant elle et elle sursaute. S'écartant légèrement de moi, elle me regarde de haut en bas, la respiration saccadée.

Je te voisWhere stories live. Discover now