10| Dysis

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C'est une évidence. Personne ici ne m'aime. Enfin, je veux dire, à leurs yeux je ne suis qu'une intrue. Je n'ai rien à faire ici.

Il faut que je me dépêche de retrouver mes souvenirs pour pouvoir rentrer chez moi, au plus vite.

Ou essayer de m'intégrer dans leur camp. Je pense que c'est ce que Mo'at souhaite, voir si je suis capable de devenir une Omaticaya. Si je suis capable d'être une personne de confiance. De me ranger dans leur armée si une guerre arrive.

Assise sur mon lit, j'observe le poignard.

Dysis Ahead.

Ahead.

Je me demande si c'est mon nom de famille. Ou un nom de code. Ou un autre truc.

Quelqu'un toque à l'entrée de ma loge et je sursaute. Je laisse tomber mon couteau dans son manche avant de le cacher sous un draps. Puis je me retourne.

— Kiri ? Tu m'as fait peur.

— Désolé, rigole-t-elle. Je peux rentrer ?

— Oui... oui, bien sûr.

Elle s'approche de moi, observant ma hutte comme si elle était différente de la sienne. Puis elle pose ses yeux dorés sur moi et semble remarquer que mon sourire n'est pas un vrai sourire.

Je suppose que j'ai l'air un peu coincée quand je souris comme ça.

— Tout va bien ? me demande-t-elle et s'approchant de moi pour poser sa main sur mon épaule.

Dans un soupire, je détourne le regard de la Na'vi et regarde le plafond de la pièce. Quelques rayons de soleil s'infiltre à travers.

— Dysis, qu'est ce qui ne va pas ?

Je relève la main vers mon visage, ne sachant pas trop quoi faire. Puis je ferme les yeux et soupire à nouveau.

— Je... comment dire.

Son regard compatissant me mets encore un peu plus mal à l'aise. Bien que je n'aurais pas aimé qu'elle me regarde d'un regard sombre et plein d'ennuie.

— Je ne sais pas... je... je ne me sens pas bien ici.

Elle repasse la courbe de mes épaules du bout de son pouce.

— C'est normal. Tu es nouvelle. Il te faut du temps pour pouvoir te sentir à l'aise.

— Oui... mais je suis si différente de vous. Regarde moi ça, dis-je en prenant une mèche de mes cheveux entre mes mains.

Elle pose sa main contre la mienne pour prendre ma mèche entre ses fins doigts d'humaine.

— Être différente de nous te rends encore plus attirante, me dit-elle avec un sourire amical.

Je tourne la tête vers elle pour la remercier, mais l'émotion m'empêche de parler, alors je me penche pour la serrer dans mes bras.

Ses mains se referment dans mon dos et caresse ma peau. Je pose ma tête contre son cou.

Depuis la première fois, depuis que je suis ici, je me sens bien.

— Viens, allons jouer un peu. Il faut que tu sortes de ta taverne.

Je hoche la tête et elle me prend par la main avant de me sortir de ma loge. Les doux rayons de soleil viennent réchauffer mes épaules pour la première fois de la journée. Avec un sourire, je la suis entre les arbres, sautant par dessus les bosses que forme la forêt, effleurant les longues feuilles du bout des doigts. Le vent se mélange à nos rires.

Nous arrivons près de leur maison.

— Ne t'en fais pas, nous ne restons pas ici, dit-elle en voyant mon visage tendu.

Je te voisМесто, где живут истории. Откройте их для себя