Je te vois

19| Dysis

J'ai attendu toute la journée avant de revenir à l'endroit où nous nous sommes quitté hier.

Lo'ak n'est toujours pas arrivé. Et cela fait une dizaine de minutes que j'attends.

Une partie de moi à hâte de le revoir, et une autre angoisse un peu à l'idée de le regarder dans les yeux après ce qu'il s'est passé hier.

Un peu plus tard dans la soirée, quand je suis rentrée dans ma hutte, Tuk est arrivée avec une seconde couronne de fleur, qu'elle m'avait promis, et quand je l'ai vu, je n'ai pu m'empêcher de repenser au moment où elle nous a surpris.

Encore heureux que ce n'était qu'elle et pas quelqu'un d'autre, comme Kiri ou Neteyam.

— Tu es là.

Sa voix douce atteint mes oreilles et je me retourne vers lui. Il est debout entre les arbres, tapis dans l'ombre, comme s'il craignait de me rejoindre sous les rayons du soleil.

— Je suis là, je réponds avec un sourire.

Il me renvoi mon sourire.

— Viens avec moi.

Je hoche la tête et le rejoins. Une fois arrivé à quelques centimètres de lui, nos regards se croisent et mon cœur rate un battement.

Peut-être que j'ai rêvé, mais il me semble que ses yeux ont glissés vers mes lèvres un bref moment.

Je le laisse passé devant moi, profitant du fait qu'il me tourne le dos pour pouvoir sourire.

— Alors, c'est quoi ton idée ?

— Déjà, trouver un endroit calme pour ne pas être déranger, aujourd'hui.

Je hoche la tête, tandis que mon sourire ne cesse de s'agrandir.

J'observe son dos, et les petits points blancs qui forment des dizaines de constellations sur sa peau bleu. Je me retiens de ne pas les repasser du bout des doigts, même si à présent j'en meurs d'envie.

Le chemin devant nous commence à devenir de plus en plus dangereux. A vrai dire, ce n'était plus vraiment un terrain plat. A présent, j'ai l'impression de marcher sur une immense racine surgissant du sol. Cette même racine qui semble nous mener sur un autre fragment de terre.

— Tu veux aller là haut ? je demande en relevant la tête vers le ciel.

— C'est un endroit tranquille. Et puis ça va te plaire tu vas voir.

Je hausse les épaules. Tant que je ne perds pas ma vie en montant ce chemin, je suis prête à aller où il veut.

— Passe devant moi, dit-il.

— Comme c'est aimable, dis-je en commençant à avancer petit à petit, cherchant le parfait équilibre pour ne pas tomber.

— Je ne voudrais pas que tu tombes, dit-il derrière moi.

Je m'accroche et me retourne vers lui.

— Et si c'est toi qui tombe ? je demande avec un sourire narquois.

— Dans ce cas, j'espère que tu me rattraperas, dit-il avec le même sourire.

— Compte sur moi.

Son rire résonne jusqu'à mes oreilles et réchauffe mon cœur. Je continue mon chemin, m'aggripant à quelques racines qui sortent du sol.

Ma respiration est saccadée, et la sienne le semble également.

— Il n'y avait pas un chemin plus simple ? je demande par-dessus mon épaule.