Je te vois

21| Dysis

— Je suis obligée d'y aller ? se plaint Tuk, assise par terre, les bras croisés et le dos courbé.

Nous sommes tous réunis dans la loge des Sully. Lo'ak m'a dit de le rejoindre là quand je serais prête, et ça fait à présent dix minutes que j'observe la plus jeune de la famille se plaindre. Neytiri la fusille du regard, agitant ses mains autour de la tête de sa fille, espérant pouvoir y poser une fleur dans ses cheveux tressés.

— Tuktirey, pour l'amour d'Eywa, je t'ai déjà demandé dix fois d'arrêter de bouger comme ça.

— Mais je ne veux pas y aller...

— Tu n'as pas le choix. Ce n'est pas tous les jours que tu pourras assister à la naissance d'un Na'vi, ma fille. 

La petite Sully soupire, et je me permet un faible sourire. 

Les bras serrés autour de ma taille, j'essaie de faire disparaitre ce nœud qui perfore mon ventre depuis quelques jours. Et ça ne s'améliore pas. 

J'essaie de penser à autre chose, notamment en observant la famille de Lo'ak se préparer chacun dans leur coin. Ils sont tous bien habillés, vêtus de blanc et de dorés. Je fais un peu tâche avec mes cheveux blanc redressés en un chignon, accompagnés d'une fleur aux pétales bleus translucides. J'ai rajouté des bijoux autour de mon cou et de mes poignets, et je me suis vêtue d'un haut doré avec un bas en plume blanche. 

Kiri est dehors, elle est déjà allé rejoindre Spider. Neteyam, lui, est près depuis un moment, tout comme moi, et attends les autres en aiguisant la lame de son couteau. 

Jake, étant le chef de ce peuple, s'est habillé comme il se le devait. Il semble d'autant plus stressé que Tuk n'est énervée. Si stressé qu'il ne m'a même pas dit bonjour quand je suis arrivée. Il ne m'a même pas jeté un regard. Je me demande s'il s'est que je suis là.

Lo'ak, quant à lui, fini de se préparer, à quelques pas de moi. Lui non plus ne m'a pas encore adressé la parole depuis que je suis là. Outre le petit hochement de tête pour me saluer, je n'ai pas eu le droit à aucun signe d'attention. 

Je m'approche de lui. La hutte est assez grande, et il s'est réfugié dans un coin, comme s'il voulait se fondre dans l'ombre.

— Salut, je souffle en me postant devant lui.

Il me jette un bref coup d'œil. 

— Salut, dit-il aussi brièvement que possible.

— Est-ce que tout vas bien ? 

Il hoche à peine la tête. Je me mords les lèvres et resserrent un peu plus mes bras autour de moi. 

Notre baiser de l'autre jour à été mis de côté. Nous ne nous sommes plus rapproché autant, sans compter la fois où il m'a laissé dormir à ses côtés. Personne d'autre que nous n'est au courant de ce qui s'est passé, et je fais attention de ne pas paraitre trop proche de lui quand nous sommes accompagnés.

— Tu es sûre ? Ça n'a pas l'air d'aller. 

— Oui ça va. 

Ses mains tremblent, alors qu'il essaie d'attacher ses cheveux. 

Je pose ma main sur son avant-bras et penche la tête jusqu'à croiser ses yeux.

— Hé, je chuchote. Lo'ak. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il soupire et baisse les bras, mais je garde ma main posée sur sa peau chaude.

— Je ne sais pas, marmonne-t-il. J'ai comme un mauvais pressentiment.  

Je fronce les sourcils, mais avant de répondre, Jake nous demande de quitter la loge car nous allons finir par être en retard. Lo'ak passe devant moi et je suis le mouvement jusqu'à dehors, marchant derrière lui.