12| Lo'ak

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La salle est bleue. Comme s'ils avaient voulu accorder les couleurs de la pièce aux couleurs de l'environnement.

Dysis s'est endormie sur le lit. Elle n'a pas essayé de prendre ses jambes à son cou quand nous sommes rentrés dans le labo. Enfin elle avait déjà l'air sur le point de s'évanouir, ça semble évident.

Max a essuyé le sang sur son crâne et a fait quelques point de suture entre ses cheveux. Ni vu ni connu.

Je pense que sa cheville est cassée. Du moins elle m'a tout l'air dans un sale état. Sa peau étant déjà bleue, la bosse qui s'est formée au bout de son pied a plutôt l'air d'être mauve.

C'est Norm qui s'est occupé de la coincée dans un bandage.

Si on compare ses deux chevilles, on pourrait voir d'un côté quelque-chose de normal, et de l'autre un ballon de basket.

Assis sur une chaise, mon masque autour du cou, j'observe la fille, étendue sur le lit. Elle a l'air paisible. Mais qui s'est, peut-être ne le sera-t-elle plus à son réveil.

Spider se tient à côté de moi.

— Elle te plaît, n'est-ce pas ? me dit le petit homme.

Je me retourne vers lui, le nez retroussé comme s'il venait de sortir la plus grosse connerie sur terre.

— Je ne la connais même pas. Comment veux-tu qu'elle me plaise ?

Il hausse les épaules, appuyé contre un bureau, les bras croisées. C'est presque étonnant de ne pas voir Kiri dans les environs.

Puis je repose mes yeux sur la Na'vi inconnue. Je l'étudie. Observe chaque beauté qu'Eywa lui a offert. Ses quatre doigts, sur ses deux mains, sont longs et délicats. Ils ont l'air d'être fragile, pourtant, quand je vois Dysis avec un arc ou n'importe quelle autre arme, même à main nue, elle semble tout sauf fragile. Elle semble même plus forte que la plupart des Omaticaya.

Son ventre monte et descend à chaque brève respiration qu'elle fait. Ses jambes sont musclées, tout comme ses bras.

Et ses cheveux...

Ses cheveux aussi blanc que les nuages dans le ciel, ou les étoiles qui brillent dans la nuit. Ses cheveux sont tout simplement magnifique...

— Alors pourquoi tu es ici ? demande-t-il.

Je me laisse glisser sur ma chaise, passant une main dans mes cheveux, essayant de penser à tout autre chose que à ce quoi je pensais il y a dix secondes. J'ai même honte d'avoir étudié son corps inerte de la sorte.

Ça paraît presque pervers.

— Je suppose que c'est une question de principe, je réfléchis.

— C'est à dire ?

— C'est à dire que... j'ai promis de l'aider à retrouver ses souvenirs, donc j'attendrai qu'elle se réveille pour continuer nos recherches. Et puis, je me sens un peu coupable de sa chute.

Je hausse les épaules. Si je n'avais pas proposé cette idée idiote de faire une course tout à l'heure, elle ne se serait sûrement pas foulée là cheville et ouvert le crâne. Mais le mal est fait. Je n'aurais jamais pu deviner comment ça se déroulerait.

Ça a toujours été la pire de mes idées d'écouter la petite voix dans ma tête.

— Kiri n'est pas avec toi ? dis je pour changer de sujet.

Je jette un regard un coin vers mon ami, tandis que ses joues beiges prennent une couleur plus rouge, il se crispe et son regard se fige dans le vide. Mes lèvres s'étirent en un sourire moqueur, que je cache derrière ma main.

Je te voisWhere stories live. Discover now