20| Dysis

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Je n'ai pas dormi de la nuit. Et dehors le soleil s'est déjà levé bien haut dans le ciel, laissant transmettre quelques rayons de soleil dans ma hutte. 

Je suis tapis dans l'ombre, assise, les bras autour de mes genoux, la tête enfuie entre mes mains, les yeux fermés. Je n'ai pas cessé une seconde de penser à ce visage furtif qui est apparue devant moi, une demi-seconde, avant de disparaitre sous mes cris de terreur. 

Des fois je me demande si je suis folle.

Je l'ai imaginé, ce visage, fouillant dans ce bref souvenir, encore et encore, jusqu'à essayer de construire quelque chose de plus au moins ressemblant, mais plus le temps passe et plus mes souvenirs deviennent flous. 

Ce n'est pas parfait, mais je peux plus ou moins me l'immortaliser dans ma tête.

Et, après réflexion, son visage m'a frappé. 

Elle avait des traits fins et doux. Un visage en forme de cœur et un menton assez fin. Ses yeux étaient vitreux, comme mort, vidés de toutes expressions. Son sourire était tel que le sourire d'une femme heureuse et triste à la fois. Quelque chose de doux et d'attendrissant. 

Mais ce qui m'a le plus marqué, ce n'était pas son visage.

Mes ses cheveux.

Aussi blanc que les miens. 

Ce qui m'a immédiatement fait penser au fait que ça aurait pu être quelqu'un de mon clan. 

Je frotte mes mains contre mon visage. J'ai l'impression d'être poisseuse, comme si avoir passé la nuit à réfléchir m'avait rendu sale. Mes yeux sont gonflés sous mes doigts. 

Mais je ne serais jamais m'endormir sans avoir les réponses à mes questions. A commencé par savoir si cette personne ne serais pas...

— Maman ?

Ma voix est rauque et ce mot sort avec beaucoup d'incertitude et de peur. Je me racle la gorge.

— Maman ? Si... si c'est toi..., je chuchote, si c'est toi... montre toi. 

Je n'ose même pas ouvrir les yeux, de peur de recroiser son regard vitreux. Mon cœur cogne contre ma cage thoracique et je sens les pulsations jusqu'aux bouts de mes doigts. Je ne sais pas pourquoi mon corps réagit de la sorte. Après tout, je suis peut-être juste en train de parler toute seule.

Pourtant je ne m'arrête pas.

— Maman... si c'est toi... s'il te plait aide-moi.

Ma voix monte dans les aigus et je me racle à nouveau la gorge pour dissimuler cette vague de faiblesse. 

Peut-être que je me trompe complètement? Peut-être que ce n'est pas ma mère. Peut-être même que mes souvenirs sont trop flous pour que l'image soit assez nette. Peut-être même que tout ça n'est qu'un rêve après tout. 

Je lâche un soupir et redresse la tête, sans ouvrir les yeux, perdant petit à petit espoir. 

Quand soudain, sur mon épaule droite se pose une main. Et je sais à ce moment-là que le fantôme est revenu, parce que la main n'est pas vraiment réelle. On dirait simplement que quelque chose plane au-dessus de mon épaule. 

Je prends une inspiration, m'apprêtant à dire quelque chose.

— Dysis ! crie quelqu'un dehors.

La main disparait de mon épaule et j'ouvre les yeux au moment où Lo'ak entre dans ma hutte. Derrière moi il n'y a personne.

J'ai une soudaine envie de pleurer. Pourquoi ? Pourquoi Lo'ak, faut-il que tu arrives maintenant ?

Pourquoi maintenant alors que tout semblait sur le point de se régler. 

Ses yeux rencontrent les miens et il s'arrête brutalement.

— Tu vas bien ? dit-il d'une voix inquiète. 

Je hoche la tête.

— Tu en es sûre ? dit-il en s'agenouillant devant moi. Tu as les yeux gonflés, on dirait que tu vas pleurer. 

— Je suis fatiguée...

J'ignore pourquoi je ne lui dis pas la vérité. Pourquoi je ne lui ai toujours rien dit pour mes souvenirs. J'aurais pu lui dire il y a un mois et demi, quand je suis tombée et que j'ai été emmené au labo. Je pourrais lui dire maintenant. Pourtant aucuns mots ne sort de ma bouche. 

Je détourne le regard, épuisée. Puis je sens son menton s'appuyer sur mon genoux et je lui jette un regard en coin. Il m'observe. Mais pas comme une personne qui observerait quelqu'un pour savoir s'il va bien. Ou tout simplement comme ça.

Là, il m'observe vraiment. Il m'étudie. Il est calme, aucune expression n'émane de son visage mais il a l'ombre d'un sourire gravé sur les lèvres et ses yeux semblent briller d'une lueur que je ne serais définir, sans doute parce que jamais personne ne m'a observé de la sorte. 

Une chaleur s'empare de tout mon corps, et pour la première fois depuis hier soir, ce stress qui s'est accumulé sur mes épaules, s'envole avec mes pensées. Je tourne à nouveau la tête vers lui et l'observe à mon tour. 

— Tu peux dormir, me chuchote-t-il. Tu ne risque rien avec moi. 

Ses mots résonnent à mes oreilles avec force et je souris. Un sourire très faible mais présent. 

— Merci...

Son menton se détache de mon genou et il tend les jambes avant de m'attirer vers lui, jusqu'à ce que ma tête se pose sur ses cuisses. Sa peau chaude vient réchauffer mes joues froides, et sa main reste posée sur moi, comme pour me prouver sa présence.

Et j'arrive à enfin dormir, l'esprit vide. 

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Hey hey

Un petit chapitre pour ce soir, mais voilà

Je pars en voyage scolaire donc vous n'aurez probablement pas de mes nouvelles avant samedi prochain

Au revoir tout le monde

~Pe_001E23~

Je te voisWhere stories live. Discover now