11| Dysis

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Nous marchons côte à côte dans la forêt. Aujourd'hui c'est à son tour de m'aider.

Le soleil est haut dans le ciel et, malgré l'ombre des arbres, je perçois encore les rayons de soleil brûlant contre mes épaules dénudées. Il n'a jamais fait aussi chaud depuis dix jours.

J'ai relevé mes cheveux en une queue haute, pour laisser les rares courants d'airs venir rafraîchir ma nuque. Seule la tresse, que Tuk m'a fait il y a de ça deux jours, longe mon visage, caressant ma joue aux moindres mouvements que je fais.

— Alors, qu'allons nous faire aujourd'hui ? je demande.

Je me retourne vers lui, un demi-sourire au visage. Voyant que je l'observe, il tourne la tête vers moi et plonge ses yeux couleur soleil dans les miens.

J'observe sa peau de la même couleur que le bleu ciel, quand la nuit commence à tomber. Elle semble si différente de la mienne, bien que nous ayons la même.

En fait, tous les Na'vi se ressemble, mais lui semble différent. Dans tous les cas. Ses yeux ont l'air plus éclatants que ceux des autres. Son sourire semble plus beau. Sa peau plus bleue.

Je détourne le regard, embarrassée de l'étudier de la sorte.

Par l'amour d'Eywa, pourquoi je ressens comme une explosion quand je le vois. Pourquoi j'ai les mains moites quand je croise son regard, et les joues rouges quand il me sourit.

En aucun cas je peux appeler ça de l'amour. Ça fait dix jours que je le connais. Ça ne peut pas être sérieux.

Peut-être juste de l'attirance...

— Je ne sais pas, dit enfin Lo'ak après le silence pesant, que veux-tu faire ?

— Ah ! C'est toi qui donne cours à l'autre aujourd'hui. A toi de trouver.

Il roule les yeux vers le ciel tandis que son sourire s'élargit assez fort pour me laisser entrevoir ses dent bien droite et blanche.

J'écarte une feuille qui se dresse sur mon chemin, et nos bras se frôlent. Je sens sa peau chaude contre la mienne. Le temps d'une seconde. Avant que je ne m'écarte de gêne, laissant, cette fois-ci, une trentaine de centimètres entre nos deux corps.

Ma peau picote là où la sienne est venue m'effleurer...

— Allons au labo, dans ce cas. Je suis sûr que Max et Norm pourrons-nous aider.

Je m'arrête, les lèvres retroussées.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je n'aime pas le labo.

Il s'arrête, croisant les bras, et lâche un ricanement bruyant, le regard moqueur. Il pourrait déstabiliser n'importe qui avec son regard, et je ne fais pas exeption, j'arrive juste à le cacher. Je sourcille et garde mon regard dans ne sien, d'un air de défi.

— Ce n'est pas moi le chef aujourd'hui ?

Je hausse les sourcils. Puis soupire.

— Ok. Très bien.

Je lui emboîte le pas, d'un air agacée, sous son sourire moqueur. Je n'ai même plus besoin de le voir pour l'imaginer avec, maintenant.

Quand, quelques mètres plus loin, il s'arrête à nouveau, il se retourne vers moi, me barrant le chemin, et me regardant avec un sourire étrange. Il a une idée derrière la tête et ça ne me dit rien de bon.

— Qu'est-ce que tu vas me dire, Lo'ak ? dis-je pas moins sceptique.

— Faisons la course.

Avant que je ne puisse protester, il détale déjà. Je lève les bras en l'air avant de les abattre sur mes cuisses d'un air exaspérée.

Puis je commence à courir, pour le rattraper. Mais il a déjà disparu, j'ignore où.

— Lo'ak ! je hurle. Ce n'est pas du jeu ! Je ne sais même pas où se trouve le labo !

Je ne le vois pas, mais j'entends son rire naissant parmis les arbres. Je fusille le vide du regard.

Si j'avais pu, je lui aurais montré mon doigt d'honneur, pour peu que j'ai cinq doigts.

Je continue de courir, sautant au-dessus des racines qui ressortent du sol. Je cherche l'éclat bleu de sa peau dans la forêt, mais ne voit que la verdure du paysage.

— Lo'ak, tu m'énerves, je marmonne entre mes dents.

Tout en fouillant le paysage du regard, je ne fais pas attention où je marche, et je sens mon pied se coincée, me faisant basculer en avant dans mon élan.

Je sens une douleur au pied, suivi d'un craquement assourdissant. Mon corps tombe en avant et je n'ai pas le temps de positionner mes mains au devant pour me rattraper, que ma tête rencontre déjà brutalement le tronc devant moi.

Et il y a un déclic dans ma tête.

Du feu.

Des cris.

Les images se bousculent dans ma tête à une vitesse ahurissante, que je ne perçois pas la majorité d'entre elles.

Beaucoup de feu.

Des corps étalés contre le sol.

Sans vie...

Une main, serrant mon poignet, déjà recouvert de sang.

Des voix, que j'ai peine à intercepter.

Du feu.

Des personnes... a la peau beige.

C'est la main de Lo'ak, glissant sous mon bras, qui me fait revenir sur terre, faisant disparaître toute ses atrocités de mes pensées.

— Dysis ! Ça va ? dit-il d'une voix inquiète.

"Mène ton clan à la victoire, Dysis" résonne inconnue une voix dans ma tête.

Encore sous le choc, je suis perdue, ne trouvant même pas le regard de Lo'ak pour me rassurer. Je le sens près de moi, sa main est toujours collée à mon avant-bras, mais des points noires dansent autour de ma tête, m'empêchant même de voir la forêt.

D'une main molle, je palpe mon crâne douloureux jusqu'à ce que mes doigts rencontrent un liquide chaud, coulant entre mes mèches de cheveux, tachant le blanc en rouge.

— Doucement. Je vais t'amener au labo pour qu'ils te soignent. Et n'essaie même pas de refuser.

Je ne refuse pas. Je n'ai même pas la force d'ouvrir la bouche. Ma tête me lance, et quand Lo'ak passe un bras autour de ma taille, pour me relever, je la sent tourner dans tous les sens, et j'ai une soudaine envie de vomir.

Il passe mon bras autour de ses épaules et nous commençons à avancer.

Lentement, parce que je ne sais pas marcher de mon pied gauche, celui qui s'est coincé. Celui qui est peut-être cassé.

Je ne suis pas encore réellement sur terre. Mon esprit vague encore entre tous ces petits souvenirs revenus.

Je revois les flammes. J'entends les cris, plus que je n'entends Lo'ak.

— Maintenant tu n'as plus le choix d'aller au labo, ironise-t-il sur la situation.

Je ne réagis pas.

J'entends encore la voix inconnue me dire de sauver mon clan. Quel clan ? Qui est-elle ?

Qui suis-je ?

Quand ma vue revient petit à petit, je vois le labo au loin, mais je sens déjà mes yeux se refermer avant que je n'y arrive.

J'ai mal.

______

Hey hey

Une bonne nuit ça redonne de l'inspiration.

Y en a encore qui sont en vacances ici ?

Bonne journée ou bonne soirée.

Et à bientôt

~Pe_001E23~

Ps : merci pour les 200 abonnés 🩶

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