Je te vois

9| Lo'ak

Quand je suis arrivé près de sa loge, la première fois, elle dormait encore.

Ses cheveux blancs recouvraient sont visage endormie.

Je suis parti. Je n'allais pas la réveiller pour lui demander d'aller m'aider à apprendre à tuer un poisson.

Pourtant il était tout de même tard. C'était étrange qu'elle dorme toujours.

   
  
Je reviens une nouvelle fois. Une heure plus tard que la première. Et quand j'arrive au niveau de sa loge, je remarque qu'elle est vide.

Je regarde partout, m'assurant qu'elle n'est pas juste cachée.

Mais rien.

Puis je sens quelque chose venir taper contre ma nuque et je me crispe, avant de me retourner.

Elle saute d'un arbre et atterrit près de moi, un sourcil levé.

— Je ne te dérange pas ? demande-t-elle sarcastiquement. Vas-y, rentre, tant que tu y es.

Avec un sourire moqueur, elle passe devant moi et rentre dans sa pièce avant d'attraper l'arc, qu'elle avait trouvé hier, et le carquois remplie de flèche.

— Je te cherchais, je balbutie.

— Je sais. Viens, je vais t'apprendre à tirer à l'arc.

Elle repasse devant moi, sous mon regard perplexe. Je la regarde marcher d'un pas gracieux, entre les arbres. Sa queue bat l'air à mesure de ses enjambées.

— Tu viens ou quoi ? crie-t-elle dans son dos, sans me jeter un regard.

Je cours la rejoindre.

— Pourquoi tu as besoin que je t'apprenne à te battre ? demande-t-elle devant moi.

Je ne lui réponds pas, observant son dos aux rayures plus foncés que le reste de son corps. Elle aussi a quelques perles blanches sur la peau, mais moins que moi.

Ses cheveux sont rassemblés en un chignon vite fait. Juste sa tresse longe encore son dos.

— Comme ça.

Parce qu'il faut bien que je sache me défendre s'ils arrivent.

Ça devient important maintenant.

— Je pensais qu'avec un frère comme Neteyam, il serait facile pour toi de savoir tirer à l'arc.

Mon expression change du tac au tac et je fusille son dos du regard. L'ambiance entre nous devient glacial. Elle semble s'en rendre compte, car elle jette un regard sur le côté. Son pas se fait moins rapide.

— Hum, je lâche sèchement.

Elle se retourne et me regarde dans les yeux. Ses yeux gris voyagent de mon œil droit à mon œil gauche.

— J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? dit-elle sérieusement inquiète.

Je passe devant elle.

— Si je te demande de m'apprendre, ce n'est pas pour rien, Dysis. Peut-être que Neteyam est fort, mais ce n'est pas donné à tout le monde.

Elle reste plantée là, ne sachant plus quoi dire.

— Je ne voulais pas te blesser, marmonne-t-elle. Désolé.

Je me mords le creux de la joue. Puis, desserrant les poings, je me retourne vers elle et affiche un sourire narquois.

— Bon, tu viens ou quoi ? j'essaie de dire sur le ton de la rigolade, même si je suis toujours un poil énervé.

Elle court vers moi, aussitôt, affichant un sourire rassuré.