Je te vois

32| Dysis

Je m'installe devant le lit de Lo'ak, à l'intérieur du labo, alors que celui-ci n'a pas bougé depuis quelques jours. Sa jambe est toujours étroitement recouverte de bandage, mais sa blessure a eu le temps de réparer.

— Je suis sûre que tu as oublié comment était le soleil, j'ironise en laissant mes doigts parcourir son front.

— Je ne sais même plus à quoi ressemble Pandora, dit-il avec le même ton sarcastique.

Je ricane tout en passant mes doigts le long de ses doux cheveux. Mes coudes posés sur le mousse de son lit, j'ai la tête penchée en avant, observant ses yeux.

— Je te ferais une petite visite, maintenant que je suis une Omaticaya.

— Tu ne t'en remets plus.

Un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres et je fais de même avant de me pencher un peu plus au dessus de lui.

— Tu ne l'es pas encore techniquement, constate-t-il en haussant un sourcil.

— C'est une question de quelques heures. Demain je le serai.

Je l'observe sourire et je sens mon cœur battre un peu plus vite contre ma cage thoracique. J'appuie ma tête contre ma main avant de faire glisser ses tresses entre deux doigts.

— Demain je pourrais ressortir.

— Oui.

Sa main se relève et il vient déposer son doigt contre ma joue avant de la caresser lentement. Comme attirée par un aimant, ma tête descend jusqu'à la sienne, là où je viens déposer un baiser sur sa joue.

— Il faut que j'y aille. Il va déjà faire nuit. On se voit demain !

— D'accord.

— Tu viendras me rendre visite dans ma hutte avant la cérémonie s'il te plaît ?

— Si je suis sorti à ce moment là, aucun problème.

— Merci.

Je dépose un dernier baiser sur son autre joue avant de me relever de la chaise. Je sens son regard me suivre tandis que je me dirige vers la sortie du labo, saluant Norm, Max et Spider sur mon chemin.

***

Ma hutte est vide et la cérémonie commence dans quinze minutes. Mes doigts tremblent pour une raison que j'ignore, mon ventre se noue, comme si quelque chose tirait tous mes organes dans les tréfonds de mon corps.

Aedos m'a apporté deux bols remplie d'un liquide blanc, dont je suis censée me recouvrir le corps mais je n'ai aucune idée de comment je dois m'y prendre et je dois les retrouver près de l'arbre dans quinze minutes !

Ma gorge se noue et je suis obligée de prendre de longues inspirations.

— Dysis ! Dysis je suis là.

Lo'ak arrive dans ma hutte en courant, d'un pas chancelant. Sa jambe est guérie mais il garde encore quelques séquelles de sa blessure. Ça ira mieux quand il se réhabituera à marcher.

— Désolé pour le retard.

Sans attendre je viens le prendre dans mes bras, ayant besoin de le sentir près de moi. Ses bras s'enroulent autour de mon dos et il se colle à moi. Soudainement, tous mes muscles se relâchent et je suis moins tendue. J'écoute sa respiration et essaie de la suivre pour calmer la mienne.

— Tu as peur ?

— Je suis nerveuse.

— Ça va aller, tu sais.