25| Dysis

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Je cours, comme il me semble ne jamais avoir couru auparavant. Lo'ak se tient devant moi, sautant par-dessus les racines des arbres, alors que je m'emmêle encore dans les feuilles. Il faut prévenir les Omaticayas, avant qu'il ne soit trop tard. Ils doivent tous dormir pour le moment.

Je n'ose regarder dans le ciel. De peur de les voir se rapprocher.

Soudain ma vision se trouble et Lo'ak disparait.

Non, ce n'est plus le moment de me faire revenir ma mémoire.

Je cours aussi.

Le feu dans mon dos.

Des cris.

Des morts.

Du feu.

J'ai mal.

Je cours.

J'ai mal.

Ma respiration est saccadé et je sens les battements rapide de mon cœur jusqu'au bout de mes doigts.

J'ai mal !

Du sang.

Du feu.

"Va-t'en Dysis. Va-t'en. Pour moi. Protège ton peuple. Tu es notre avenir...

Non, maman !"

Un bras passe en dessous de mes aisselles et me soulève.

— Désolé, dis-je à Lo'ak.

— Il faut se dépêcher, viens.

— Je vais savoir courir, ne t'en fais pas.

Il me lâche et nous recommençons à courir. De tout cœur je prie pour ne pas me souvenir. Du moins pas pour le moment. Le moment de mon accident attendra.

Nous arrivons près des huttes et Lo'ak s'empresse de monter dans la sienne, avant de hurler après sa famille pour les réveiller.

Je reste à l'écart, encore sous le choc de la situation, et observe les Sully se lever un à un, comme dans un rêve. Mon esprit est ailleurs. Mes oreilles bourdonnent. Le temps ralentit. Tout tourne lentement autour de moi. J'ai l'impression d'être complètement ailleurs. Sur une autre planète, peut-être.

C'est quand Neteyam me bouscule, dans sa précipitation, que je redescends brutalement sur terre. Tout reprend son rythme normal.

Les Sully courent dans tous les sens. Tandis que Jake est partie prévenir tout le peuple, Lo'ak, Neteyam, Kiri et Neytiri se charge d'armes.

Tuk court jusqu'à moi et je la prends dans mes bras. Toute sa peur se répercute sur moi et quand je croise ses yeux, affolés, je sens mon cœur se serrer.

Je croise le regard de Lo'ak.

— Mes armes...

— Va les chercher, on se rejoint en bas.

Je hoche la tête, puis embrasse la petite Tuk qui tremble entre mes bras, avant de la reposer sur le sol. Puis je saute en dehors de la hutte et court en direction de la mienne. Sur mon chemin, plein de Na'vi, tous aussi actifs et stressés les un que les autres.

Je ne regarde pas en haut. Je sais ce qu'il se passe. Si je ne me dépêche pas, ils m'auront sans doute attrapé avant que je prenne mon arc.

Je saute par dessus des racines, me créant un chemin entre les Omaticayas, qui me pousse également, agités par l'événement.

J'arrive enfin dans ma loge. Des cris s'élèvent au loin. Ils sont là. Ils tirent. J'essaie d'ignorer ses maux de tête qui viennent soudainement. J'entre dans ma chambre mais avant de me ruer sur mon lit, là où se trouve ma dague et mon arc, mes yeux se posent sur la silhouette translucide.

Je te voisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant