MOUVEMENT N°6

44 10 9
                                    

𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄


Le froid est moins oppressant, mais attendre dehors n'en est pas moins ennuyeux. Maely ne semble pas avoir envie de venir à ma rescousse, malgré les nombreux messages que je viens de lui envoyer.

LESLYE : si tu sors pas dans la seconde qui suit, sache que je connais ton adresse et que j'ai des contacts dans le monde de l'enlèvement de mineure.

LESLYE : bouge ton cul, on se les pèle ici !!!!!

LESLYE : ok, ne compte pas sur moi pour être là le jour de ton enterrement. Je serais en prison. POUR MEUTREEEEEE. Oh mince, ça sera pour le tien.

Peut-être suis-je en train d'exagérer mais ça en vaut la peine. Je l'attends maintenant depuis plus de dix minutes et ce n'est pas du tout normal.

CELLE QUI ME SERT DE MEILLEURE AMIE : ta gueule. J'arrive, arrête de faire ton impatiente. Gribouille a vomi sur mon lit.

LESLYE : m'en fous de ton chat avec son nom chelou, ça fait 11 min et 34, non 35 sec que je t'attends.

— Je ne comprends pas pourquoi je t'ai choisi. Il y avait tellement de personne plus gentilles que toi, se plaint-elle, mais me prenant tout de même dans ses bras.

— Tu es chiante. Parce que j'ai beau être énervée contre toi, car je sens plus mes mains, j'ai quand même encore de l'amour pour toi.

— Pas moi. Tu as insulté Gribouille.

— Il va s'en remettre, ne t'inquiète pas.

Je lui prends le bras et nous commençons à prendre le chemin du lycée. Quand nous entamons les cours à la même heure, nous avons pris l'habitude d'y aller ensemble. Avec elle et son humour douteux, la route parait moins longue et moins douloureuse. Surtout quand nous avons des tas de choses à nous raconter. Depuis que Lauris a pris la sale habitude d'écouter à ma porte quand il n'a rien à faire, je me méfie de ce que je dis à Maely. J'ai appris de mes erreurs.

Comme la fois où j'ai dit à ma meilleure amie que je ne pouvais pas manger les cordons bleus d'Augustin car ils étaient immangeables. Il est cardiologue, après tout, pas chef cuistot, ni même cordon bleu. Mon imbécile de frère a pris un malin plaisir à tout lui raconter quand il est rentré de sa garde. Déjà qu'il était aussi pale que mon tutu, cette annonce n'a rien arrangé. J'ai dû me coltiner ses cordons bleus pendant une semaine, rien que pour cette réflexion. À la base, il ne devait même pas le savoir !

Je n'ose même plus m'approcher de cet aliment, depuis. Je crois même que je suis traumatisée à vie.

Alors, si je surprends de nouveau Lauris l'oreille contre ma porte, ou je la lui fais bouffer, ou je vide devant lui son jus de pamplemousse dégueulasse. Je n'ai pas encore précisément réfléchi à ce que j'allais faire, et je compte bien sur l'aide de Maely pour choisir.

— Hier, Augustin a commencé à regarder un animé avec Lauris, commençais-je, prête à dévoiler l'entièreté de notre vie familiale à Maely.

Chez les Corso, nous pouvons être drôles. Et même si nos pères ne nous ont pas donné leurs gènes, le fait de vivre avec eux a légèrement déteint sur nous. Surtout sur mon frère.

— Au début, tout allait bien. Jusqu'au moment où il a posé LA question qu'il ne faut pas poser.

— À quoi ça sert ? me demande-t-elle, sachant que j'ai eu, un jour, l'imbécilité de moi-même la poser.

Elle connait, tout comme moi, les retombées de cette étourderie. Si je dois donner un conseil aux personnes qui vivent ou fréquentent de près ou de loin des personnes comme Lauris, c'est ce dernier : IL. NE. FAUT. PAS. DEMANDER. CELA.

À l'unissonWhere stories live. Discover now