MOUVEMENT N°16

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𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄

On vient m'ouvrir après trois coups à la porte. La musique résonne à l'intérieur, le son doit être près de son maximum, me donnant mal à la tête à la seconde. Je repère Maely ainsi que certains de nos amis, assis sur un des canapés. Je vais donc poser mes affaires à l'entrée, au même endroit que les autres, où une pile de mentaux a été formée. Au loin, les garçons boivent, discutant avec plusieurs filles. Je croise le regard de Germain, il me tend son verre en signe de bonjour et je remarque qu'il est le moins amoché de son groupe. Celui que je me rappelle comme étant Mao me sourit, après avoir jeté un coup d'œil à son ami, remarquant qui j'étais.

Je ne connais pas très bien les amis de Germain, mais tous ont l'air d'avoir la même vibe. Un peu vintage, mais sans trop, avec leurs Vans aux pieds et leur style de skateur. C'est cela qui m'a directement attiré chez lui, son style. Je suis quelqu'un de très propre sur moi, à toujours me regarder trois fois dans le miroir pour voir si je n'ai pas fauté sur une partie de ma tenue. Alors que lui, on dirait qu'il s'habille dans le noir et que son seul objectif et seulement de se couvrir. Mais quand on le regarde plus en profondeur, c'est merveilleux. Ça donne quelque chose d'extraordinaire. Quelque chose qui semble juste lui aller. À lui et lui seul.

Comprenant que je ne suis pas là pour parler habits, je m'installe à côté des filles après que Maely m'a fait de la place sur sa gauche. J'écoute d'une oreille distraite leur conversation, plus intéressée par l'agitation qui se créé petit à petit autour de nous. Un des groupes décale les canapés, ne prenant pas la peine de nous en extraire et une Battle de hip-hop se développe. Je me retire des paroles des filles et me place avec l'ameutement de danseurs. Les musiques changent complétement, passant de pop à du rap américain, nous mettant directement dans l'ambiance New Yorkaise du début des années soixante-dix. C'est loin d'être déplaisant. J'ai beau m'être spécialisée dans le classique, depuis que nous avons commencé notre collaboration, j'apprécie de plus en plus ce genre artistique. Plus particulièrement les mélanges que l'on peut faire entre ces deux styles.

Je n'ai pas de mal à me mettre à danser. Je commence sur place, puis suis la foule et me mêle aux autres. Je ne vois pas le temps passer, et j'apprends même de nouveaux pas. Un des gars qui suit les mêmes cours que moi, nous demande de se décaler et de taper dans nos mains. Il évolue devant nous, maniant le hip-hop à la perfection. Jamais je ne m'étais rendue compte qu'avec le classique, on pouvait accéder à tout. Tant que nous avons des bases, les autres danses nous sont accessibles.

Au bout de quelques instants, je sens une présence à mes côtés, et quand je tourne la tête c'est celle de Germain que je rencontre. Mon cœur fait un léger arrêt avant de se décider à me maintenir en vie.

Il n'avait, il me semble, jamais été aussi proche de moi. Du moins, sans que nous soyons en mouvement, corps contre corps.

— Je ne savais pas que ça t'intéressait tant, il crie, rapprochant sa bouche de mon oreille, essayant de couvrir la musique qui bat son plein. Tu aurais dû me le dire plus tôt.

Je m'avance vers lui, pour pouvoir mieux l'entendre et ne pas nous forcer à s'époumoner.

— Il a beaucoup de choses que tu ne sais pas sur moi, Germain.

— J'aime bien les filles cachotières, il réplique, toujours le même sourire collé sur ses lèvres.

J'en viens à me demander quelle sensation ça doit avoir de les gouter, mais ce n'est pas raisonnable. Depuis quelques temps, plus précisément depuis l'altercation avec Baptise, il se passe des choses particuliers en moi en sa compagnie. Alors quand il se rapproche encore plus de moi, je me sens tomber.

À l'unissonWhere stories live. Discover now