MOUVEMENT N°32

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𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄

Je suis abattue. Aucun autre mot ne peut pleinement décrire ce que je ressens en ce moment. Cela fait trois jours que je ne parle plus à personne, que je me ferme plus les yeux et que je ne vais pas en cours. Me lever devient un exploit, et je ne sais même plus ce que signifie manger.  

Depuis que nos nous sommes séparés, le même cauchemar vient me hanter. 

Il est là, à côté de moi, puis il s'efface. Il s'efface et quand j'essaie de lui venir en aide, rien n'y fait. Ce doit être de cette façon qu'il est parti. De manière calme et sans souffrir. Il s'est effacé, c'est tout. 

C'est comme s'il n'avait jamais été là, alors que je le vois partout. À chaque mouvement il est là, heureux et amoureux de moi. J'ai perdu la personne que j'aimais et je pense que mon cœur n'a jamais été autant souffert. Il se serre un peu plus chaque seconde. Bientôt, il ne me restera plus rien, pas même la partie qui lui était complètement dédiée. Elle-même a décidé de m'abandonner. Je suis seule, extrêmement seule. Lauris qui vient me faire des câlins tous les jours ne peut rien pour me sauver. 

Si je dois sombrer, je vais le faire. Si c'est de cette manière que je peux enfin m'aimer et continuer de l'aimer. 

Lorsque j'ai le courage de fermer, même trente secondes, mes yeux, c'est comme s'il n'avait jamais disparu, ou que simplement il avait été, depuis tout ce temps, un rêve éveillé. Comme si je l'avais imaginé, que j'étais la seule à l'avoir vu dans notre monde. Car je ne comprends pas comme la vie de ceux qui ont partagé la sienne peut continuer Germain avait cette importance pour eux ? Il était une grande partie de notre vie, l'un des plus belles et l'un des plus brisantes. 

Je me réveille en sueur, totalement dépassée par ce qu'il m'arrive. Je reste plus d'une demi-heure à me tourner, retourner dans mon lit, à fixer le plafond ou à pleurer toutes les larmes que je n'ai pas encore utilisées. Je me torture l'esprit me rendant coupable de sa mort, et me demandant ce que j'aurais pu faire. Je l'imagine souffrir, crier intérieurement au moment où son cœur s'est arrêté. Je suis sûre qu'il a été plus courageux que moi, alors je n'ai aucune peine à voir son visage apaisé au moment où les quelques battements qui le maintenaient en vie ont cessés de pulser dans sa cage thoracique.   

Je regrette plus que tout de n'avoir pas été là à ce moment-là, pour garder à jamais dans mon esprit la douce image de son visage, ou même de ses yeux qui se sont fermés pour jamais. 

Germain était l'homme le plus héroïque que je n'ai jamais rencontré. Il a toujours su être là pour sa famille, pour ses amis, pour ses camarades et pour moi. Il ne s'est jamais montré moqueur ou même irrespectueux envers moi. Il est resté le même du moment où je l'ai connu, au moment où je l'ai quitté. Même après toutes les mauvaises choses et les mensonges que nous nous sommes dits. Que nous le voulions ou nous, nos destins sont liés. 

Il a eu beau me briser le cœur, il peut le refaire autant de fois qu'il veut, j'irais toujours vers lui. Quoi qu'il se passe, quoi qu'il puisse bien nous arriver, mon chemin est le même que le sien. S'ils se sont croisés, ce n'était pas pour si peu de temps. La notion de pour toujours est nôtre, aujourd'hui. Et elle le sera aussi demain, même si maintenant je ne suis que toute seule. 

Le plus difficile est de me dire que je ne le verrais plus jusqu'au bout de ma vie. C'est peut-être égoïste, mais j'aurais préféré mourir avant lui, pour qu'il puisse être là à mon enterrement. Pour pouvoir savoir qu'il est toujours là, vivant et en bonne santé et que nos deux cœurs sont toujours ensemble. 

Eux. 

La seule chose que je puisse espérer est pouvoir avoir quelques flashs de nous deux dans mes rêves ou en dansant. Quand, normalement, ses mains sont sur mes hanches et son souffle contre mon cou. 

À l'unissonWhere stories live. Discover now