MOUVEMENT N°22

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𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄

Ce que je ressens en sa compagnie est fort. Plus fort que la haine que j'ai pour Monsieur Mansart ou que les souvenirs qui s'enchainent en moi depuis que ses mains se sont posées sur moi.

Le voir sourire me fait sourire et le voir rire me fait me crisper. Les quelques rires qu'il a eu en ma compagnie sont si minimes que je regrette de ressentir cela. Et puis une question me vient : pourquoi ? 

Pourquoi maintenant et pourquoi lui ? Qu'a-t-il fait pour m'ensorceler ou qu'ai-je fais pour ne rien remarquer ? Comment se fait-il que l'on se soit rencontrés ce jour et qu'au fil des jours, je sois tombée pour lui ? Rien n'était écrit, nous ne vivons même pas dans une comédie. Pourtant, j'ai comme le sentiment que nous étions faits pour se côtoyer. 

Et maintenant que je suis sûre de moi, il faut que je le mette au courant. J'ai longtemps hésité, mais je ne saurai pas cacher mes sentiments en sa compagnie s'il ne sait pas ce qu'il se passe de mon côté. Si j'ai de la chance, il ressent la même chose. Mais je sais mieux que quiconque que cette chance est inexistante. Je n'en ai jamais eu, pourquoi se pointerait-elle à ce moment de ma vie ?

LESLYE: Il faut qu'on se voie et au plus vite. 

Rapide et efficace. Il me répond immédiatement sans même me laisser le temps de changer d'avis. Et c'est mieux ainsi, car je me connais. S'il avait laissé planer ce message, il serait déjà supprimé, même deux minutes plus tard. Ce sont deux minutes de trop pour me faire regretter d'enfin oser. 

Ce n'est pas que je n'ai jamais fonctionné de la sorte, car quand j'ai eu truc à dire ou à faire comprendre, je ne passe pas par quatre chemins. Si la personne n'est pas au courant les jours qui suivent, c'est que c'est quelque chose de vraiment important. Mais là, ça traite un sujet bien plus personnel, auquel j'aurais certainement dû un peu mieux réfléchir. Sûrement que ça va bien se passer, qu'il va gentiment me dire de retourner de là où je viens et que les films que je me fais ne prendront jamais vie. 

Mais ce soupçon d'espoir devient important. Je nous imagine en train de se réembrasser, ou d'apprendre à mes parents et Lauris que le garçon qu'ils ont vu la dernière fois, c'est mon amoureux. Ces rêves, sont peut-être bien trop gros, mais ce sont ceux que je me fais depuis que j'ai réalisé que j'étais amoureuse.

J'ai l'impression d'être une gamine qui commence à ressentir des émotions. Alors, que ça ne devrait pas être nouveau pour moi. 

J'aurais dû avoir des sentiments pour des garçons, autres que des personnages fictifs, et que la merde dans laquelle je me suis mise ne soit pas aussi inconnue pour moi. Mais j'ai tout fait à l'envers. Je me suis principalement concentrée sur la danse. Car la danse, c'était la chose la plus importante pour ma famille. Ils sont rigoureux et ils m'aiment. S'ils m'ont forcé, un jour, à danser, c'était parce qu'ils savaient que j'allais vivre pour cet art. Et ils ont visé juste avec moi. Je ne regrette pas le moins du monde d'avoir passé mon temps avec mes pointes au bout des pieds au lieu de trifouiller je-ne-sais-quoi avec des garçons que je ne connais même pas et qui n'ont rien d'intéressant. 

On peut dire tout ce qu'on veut des passions, que ça nous coupe du monde où qu'on ne pense qu'à ça. Mais quand on rencontre la nôtre, plus rien n'existe. Pas même les commentaires ou les réflexions en tous genres. Je souhaite à toutes les personnes à qui il manque un petit quelque chose dans leur vie, d'un jour croiser la route de leur passion, de ce qui fera battre leur cœur. 

Alors, peut-être que mon cœur doit battre à l'unisson avec ce que je veux et que vivre doit prendre un vrai sens pour moi. Mais je ne peux empêcher tout ce que la danse m'aura fait vivre. C'est grâce à elle que ces peut-être ont pris forme. Et grâce à elle que j'ai rencontré la personne qui leur a donné vie. 

À l'unissonKde žijí příběhy. Začni objevovat