MOUVEMENT N°14

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𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄

Vers quatre heures du matin, toute transpirante, je me réveille d'un mauvais rêve. Je m'effondrais sans raison dans ma chambre, toute tremblante, Augustin était là pour me prendre dans ses bras. Puis, c'est à ce moment-là que je me suis réveillée. 

Je m'adosse contre le mur et enlève ma couverture qui me gêne bien plus qu'elle me sert. Ce n'est pas la première fois depuis le début de l'année que je fais ce genre de rêve. Peut-être faudrait-il que j'en parle à l'un de mes pères ? Mais je me résous à ne rien dire à personne. Cette mauvaise passe passera, comme tout. Je n'ai pas l'habitude le déballer mes sentiments et ce qui me pèse dessus. Ce ne sont pas quelques cauchemars sans sens qui vont me faire changer. 

Sans vraiment que je ne le demande, ceci me fait penser à Paris. La ville dans laquelle je suis née et où nous avons vécu jusqu'à il y a deux ans. Il s'y est passé quelque chose qui me fais regretter d'avoir été à cet endroit à ce moment. Mais si ça n'avait pas été moi, ça aurait surement été quelqu'un d'autre. Une autre victime parmi les autres. Penser à cela m'enlève une partie de ce petit poids qui pèse sur mes épaules. Peut-être qu'un jour, il partira enfin, ou peut-être que j'en mourrais. 

Je me dis que j'ai peut-être sauvé la vie d'une fille même si ceci a enlevé la mienne. 

C'est bien la seule chose dont je suis fière jusque-là. J'ai épargné les blessures de quelqu'un d'autre pour créer les miennes. Celles que j'ai éprouvées sur le moment sont devenues bien plus émotionnelles que physiques. Tout est flou, tout parait comme ce cauchemar. 

Sauf que c'était bien vrai. J'ai bien tout vécu. Devant moi, avec moi, contre moi. 

Il est dimanche et ce n'est pas une heure correcte pour se lever alors je commence à faire quelques étirements sur mon lit, sans pour autant en sortir. Car le dimanche, c'est grasse mat. Peut-être qu'en faisant ça, je ballais toutes mes chances de me rendormir mais je continue quand même. Faire quelque chose en rapport avec la danse me détend, sans raison. 

Je m'allonge et rapproche ma jambe droite de ma poitrine, puis reste quelques secondes dans cette position avant de réitérer la chose de l'autre côté. Ensuite, je m'étire le dos et j'en avais bien besoin. Il faudrait peut-être que j'aille voir un ostéopathe dans les semaines qui suivent. Cela fait quelques temps que je n'y suis pas allée et ça commence à se sentir. Quand je danse, je sens de nombreuses tensions et pas seulement dans mon dos. 

Il serait vraiment temps que je prenne soin de mon corps et de mes articulations. C'est grâce à lui que je suis là et que je peux danser. Il mérite bien plus que quoi que ce soit que je le bichonne. 

Les prochaines minutes passent tandis que j'entends des pas dans le couloir et enfin ma porte qui s'ouvre. Mon frère vient, pensant qu'il va me réveiller sauf que quand il me voit en train de faire le grand écart, le regard qu'il me lance sent la déception à trois kilomètres

— Eh mais elle est trop chelou ma sœur. J'ai jamais demandé ça moi. Faut que j'aille voir quel dieu pour que mes vœux se réalisent enfin ?

— Pas celui de l'intelligence en tous cas, car je crois qu'elle n'était pas comprise lors de l'adoption.

— Et la normalité, elle coutait trop chère ?

— J'ai jamais vu quelqu'un de plus normal que toi, c'est vrai, dis-je, sarcastiquement tandis qu'il vient s'assoir à côté de moi. 

Nous ne sommes pas de la même famille, Lauris a des parents biologiques et moi aussi. Tous les deux, nous nous sommes retrouvés dans cette famille comme par hasard. Mais si je devais choisir entre plusieurs personnes, ça serait toujours lui. Il est bizarre, est passionné par les animés et les jeux vidéo mais je l'aime plus que quiconque. Comme s'il était réellement mon frère. Parce que peut-être que le sang ne nous unit pas, mais l'amour que nous nous portons est bien plus fort.

À l'unissonМесто, где живут истории. Откройте их для себя