MOUVEMENT N°33

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𝐆𝐄𝐑𝐌𝐀𝐈𝐍

Quand elle me voit, je ne sais dire si elle souhaite que je sois réellement mort, ou si sa seule envie est de me sauter dessus. Pour me tuer, justement. Mais je suis sûr qu'elle n'est pas heureuse. Juste passionnément en colère contre moi. J'avais espéré un sourire, un regard rempli d'amour, non de haine.

Sans que je me m'y attende, elle me fonce dessus, et ce n'est même pas pour me prendre dans ses bras, non. Elle me roue de coups, visant principalement mon torse et évitant, sans même qu'elle ne doive s'en apercevoir, mon cœur, où un bandage git. Leslye me hurle dessus des je te déteste, aussi fort qu'elle le peut. Et même si ça me fait mal, je ne réagis pas. Je ne cherche même pas à l'arrêter parce que je ne sais pas comment j'agirais si j'étais à sa place.

Si c'est de cette manière qu'elle veut me dire qu'elle m'en veut, je le laisse faire. Elle mérité au moins ce réconfort que les coups doivent lui procurer.

Elle frappe, puis frappe encore, comme si c'était la chose la plus rassurante. Quand je pense qu'elle n'en peut plus, je décide de la prendre par les épaules. Mais ce geste ne fait que mettre de l'huile sur le feu, multipliant sa force et ma douleur.

Alors, je la tiens par les bras et décale nos deux corps. C'est à ce moment-là que je remarque les larmes qui coulent depuis le début sur son visage. Il est inondé, pas une de ses parties n'est pas mouillée. Voir cette peine qui rode sur elle me fait pleurer à mon tour. Je n'avais pas prévu ça, mais purée que ça fait du bien.

Nous en avons tous les deux besoin, sans le savoir.

Épuisée, elle me tombe dans les bras. Son visage se pose, le plus délicatement possible, sur mon bandage. Je ne sais pas comment, mais elle semble l'avoir remarqué, malgré mon gros sweat. Ses bras se replient entre nos deux torses et je passe les miens derrière son dos. Nous pleurons, tous les deux, contre ce mur dans le couloir de l'immeuble de Leslye, comme si c'était la chose la plus normale qui soit.

Nos retrouvailles se passent de la manière la plus singulière possible. À tout moment, quelqu'un peut nous apercevoir, mais aucun de nous ne semble s'en préoccuper. La seule chose qui compte est que nos deux cœurs sont de nouveau ensemble, tout près l'un de l'autre, même si la haine couve encore notre amour.

⎯  Je t'en veux, putain. Je t'en veux tellement.

Sa voix semble sortie d'un rêve. Elle est si basse et cassée que je peine à me dire que c'est réel.

⎯  Je sais.

⎯  Je te déteste pour tout ce que tu as fait. Tu n'avais pas le droit.

⎯  Je sais.

⎯  Arrête de dire que tu sais ! s'énerve-t-elle, chose complètement justifiée. Je sais que tu sais.

Je baisse sur elle mon regard, espérant qu'elle décide de faire de même. Mais la seule chose qu'elle fait, c'est se redresser.

⎯  Jamais tu n'auras mon pardon, j'espère que tu en es conscient, Germain.

Elle est à présent complètement debout et même si elle me surplombe, elle ne m'a jamais parue aussi fine. A-t-elle perdu du poids ou je rêve ?

⎯  Tu as maigri ?

Leslye descend son pull, déjà grand, sur ses hanches et me lance un regard noir.

⎯  Ce n'est pas la question...

⎯  Bien sûr que si ça l'est, la coupais-je en me levant à mon tour. Si tu as perdu du poids, bien sûr que si c'est la question.

À l'unissonWhere stories live. Discover now