MOUVEMENT N°10

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LESLYE

Monsieur Mansart arrive, accompagné de Madame Perrin, la prof d'hip-hop. Tous les deux, sourient, comme fiers de ce qu'ils ont créé. J'ai peut-être mis du temps à l'admettre, mais moi aussi. Je suis fière de participer à cela, et de danser. Encore et toujours. Ce n'était pas ce que j'avais imaginé, mais changer d'horizon peut faire du bien. J'ai pu rencontrer Germain, lui en faire baver pour enfin me rendre compte que j'ai été une pauvre imbécile avec un être qui n'a rien demandé. Ni de se faire mal ni de me supporter. 

Je ne vais pas dire que je vais être un ange avec lui, car jamais je ne le serai avec quelqu'un que je viens de rencontrer. Mais après ce qu'il vient de faire pour moi, je ne peux qu'être on ne peut plus gentille en sa compagnie. 

Quand je l'ai vu arriver alors que Baptiste me parlait, j'ai d'abord cru qu'il allait s'en foutre et passer à côté de nous sans faire attention à ce qu'il se passait. Après le comportement que j'ai pu avoir avec lui, c'était totalement légitime. Mais il a passé son bras par-dessus mes épaules et s'est fait passer pour mon copain, avec comme seul but, celui de me protéger. Moi. Celle qui a dû à de nombreuses reprises admettre que c'était de ma faute si certaines personnes agissaient comme tel avec moi. 

J'ai, depuis longtemps, cru que c'était à cause de moi. Que j'étais trop comme cela ou comme si et que c'était pour cette raison qu'il m'arrivait de telles choses. Parce que ce n'est pas la première fois et ce n'est pas la dernière non plus. Une partie de ma vie se résume aujourd'hui à cela, je n'y peux plus rien. 

Et ce qui me fait le plus mal, c'est de savoir que Germain ne sera pas toujours là. Pour venir à ma rescousse. Lui ou quelqu'un d'autre, après tout. Dans la plupart des cas, la victime n'a personne pour l'aider. Pas même un inconnu qui se dévoue. Ils jouent tous les aveugles quand ce genre de scène arrive. Leurs regards se portent sur leurs téléphones au lieu d'être sur l'agresseur. Et puis, certains ont même le courage de regarder, en pensant peut-être que si l'agresseur voit qu'il a des spectateurs, il va vite partir en courant, criant un je suis désolé(e). Mais ils ont bien tort. 

Je les connais maintenant, à force. Au moment où tout le monde les regardent, ils sourient plus qu'ils n'ont jamais souri, reprenant un peu plus confiance en ce qu'ils sont en train de faire. 

Après tout, quoi de mieux que d'être au centre de la scène ? 

Maely pose sa main sur mon bras, voyant que mon regard est perdu dans la salle. Je ne lui ai pas encore dit pour Baptiste, et peut-être même que je ne le ferais jamais. Ce n'est pas le moment, en tous cas. Viendra sans doute un moment dans la semaine où je pourrais être totalement sincère avec elle. Mais pas aujourd'hui. 

Il va me falloir du temps pour m'en remettre. Pour ne plus entendre ses paroles qui résonnent en moi quand je ferme les yeux. 

— Qu'est-ce qu'ils racontent ? je lui demande en me tournant vers elle. 

— Ils nous ont demandé comment ça se passait, chuchote-t-elle en rapprochant sa bouche de mon oreille. Le groupe des lèches-cul a dit que c'était la meilleure chose qu'ils n'ont jamais vécu et puis, un gars qu'on ne connait pas, a rajouté que si on pouvait faire ce genre de truc tous les ans, ça serait, je cite « juste méga extraordinaire ». Je crois qu'ils n'ont pas compris ce qu'il a voulu dire. 

Je souris. Elle a cette manie de toujours raconter les choses sous son angle, pour les rendre ou plus drôles ou plus méga extraordinaires, comme il aurait pu le dire. 

— Et toi ? 

— Et moi ? me questionne-t-elle en haussant un sourcil. 

— Oui, comment ça se passe ? 

À l'unissonWhere stories live. Discover now