MOUVEMENT N°7

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𝐆𝐄𝐑𝐌𝐀𝐈𝐍


Nous étions encore en train de travailler quand Mao est arrivé vers nous. Après m'avoir lancé un long regard, il se tourne vers Leslye et je sais à quoi il pense. Je lui mime de se taire et c'est ce qu'il fait. 

— On va faire un tour dans un parc non loin de l'école de danse, vous vous joignez à nous ou vous avez d'autres choses à faire ?

Leslye est en train de dessiner sur son carnet et ne lui répond donc pas. Je prends son silence comme la possibilité de m'exprimer pour nous deux. 

— Yes, on vient. Ça nous permettra de faire une pause, si tu es d'accord, bien sûr, finissais-je à l'intention de ma partenaire. 

Elle hoche la tête puis regarde pour la première fois Mao. Depuis que je lui ai dit qu'il valait mieux qu'elle vive au lieu de se concentrer sur sa réussite, elle s'est fermée comme une huitre. Cela fait maintenant une heure et demie que je parle à un mur. Et même s'il a de beaux yeux et du répondant, je ne peux m'empêcher de ne pas trouver ça normal. 

Il est vrai que je ne la connais pas beaucoup et que je ne sais rien sur elle, mais cette attitude ne me plait pas du tout. Elle qui cherchait à me contrarier, ne semble plus savoir comment faire. Si je pouvais, je lui montrerais bien le chemin, car c'était pour cette raison que j'étais excité à l'idée de cette collaboration. 

— C'est gentil de nous l'avoir proposé, lui sourit-elle en rangeant son carnet et son stylo dans son sac. 

Pourquoi lui a-t-il droit à un sourire et non moi ? Qu'ai-je donc fait pour mériter tout cela ? 

— Tu es l'amie de mon ami, alors tu es mon amie. 

— Ce n'est pas la première fois qu'on me la fait celle-là. J'ai arrêté d'y croire depuis. Quand je ne serais plus son ami, que seras-tu ? 

— Malheureux. 

Elle rigole légèrement et je ne peux m'empêcher de faire de même. 

— Mais je serais aussi heureux, car mon amant me reviendra. 

— Ton amant ? Germain est ton amant ? 

— Son mari, pour être honnête avec toi, complétais-je en me levant pour le prendre par la taille. 

Il pose sa tête sur mon épaule et je colle la mienne à la sienne, souriant, espérant qu'elle refasse de même. Mais elle se lève, disant :

— Je vous laisse donc à votre idylle. À tout à l'heure. 

Ce n'était pas ce que j'espérais, mais on ne peut pas toujours tout avoir. 

— Elle est sympa, remarque Mao quand elle est sortie du studio. Un peu bizarre, mais sympa. 

— Ouais, approuvais-je, ne pouvant cesser de continuer de regarder la porte par laquelle elle vient de passer. 

Il y a quelque chose qui cloche et j'ai beau me répéter toutes les phrases que j'ai pu dire, il n'y en a qu'une qui a pu autant l'étourdir. Pourtant, elle n'avait pas pour but d'être heurtante, ou quoi que ce soit. Je l'ai un peu dite sans réfléchir, en réalité. Jamais je n'aurais pu croire qu'elle la mette dans cet état. Si j'avais utilisé mon cerveau, peut-être qu'on n'en serait pas là. 

— Tu as fait quoi ? 

— J'ai rien fait, je t'assure. C'est même toi qui a dit qu'elle était bizarre. Ce n'est pas ma faute si aujourd'hui elle le montre plus que les autres jours. 

— Ça fait deux fois que tu la vois. Tu ne sais rien sur elle. 

— Pas faux, mais quand même. Je ressens un truc particulier qui émane d'elle. 

À l'unissonWhere stories live. Discover now