Chapitre 15

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J'atterris sur de l'herbe, enfin quelque chose de familier.  Je hume l'air de ce royaume, et j'ai l'impression d'être chez moi. Je commence à me mettre en route. Je parcours de plus grandes distances, sans me plaindre au bout de cinq minutes. Caleb serait fier de moi .
Pourquoi je pense à lui? J'occulte cette idée de la tête.  J'ai parcouru quelques kilomètres, je débouche sur un chemin de terre. Je longe le chemin de terre. Au bout d'une heure de marche, je rejoins un carrefour. Je vois passer une charrette, je parcours mon plus beau trois cents mètres.

— Arrêtez-vous!

La charrette s'arrête, c'est une jeune fille qui s'arrête habillée en vêtements de domestique.
Elle me regarde de haut en bas. En même temps, habillée en Xena l'aventurière, qui ne m'aurait pas reluqué de cette manière.

— Qui êtes-vous?
— Une voyageuse.
— Que venez-vous faire ici?
— Recevoir « l'hospitalisé ».
— Je peux vous conduire au château, et vous demanderez à sa majesté, de vous accorder l'hospitalité.
— Merci beaucoup?
— Andoria et vous?
— Adela.
— Enchantée Adela, allez grimper.

Je monte sur la charrette. Nous passons les deux heures suivantes à discuter. J'ai totalement oublié l'absence de Caleb, j'y suis habituée. J'apprends qu'elle est domestique dans les cuisines du Palais. Elle nourrit sa famille grâce à son travail, son père étant malade.

— Andoria Comment est votre Royaume?
— Il y fait bon vivre. Notre prince est très bon avec nous. On me paye à ma juste valeur. On ne me maltraite pas, contrairement à d'autres contrés.

Je suis touchée par ses révélations, nous avons le même âge, mais deux destins opposés. J'étudie une matière que j'aime, j'ai un foyer que j'adore et suis nourrie, logée. Alors qu'Andoria doit travailler dur pour aider ses parents.

On s'arrête , elle me partage son déjeuner qui n'est pas bien garni. Elle travaille à quatre heures de route, loge au château la semaine et rentre chez elle le reste du temps.

— Adela comment est ton royaume?
— J'ai honte de te le dire.
Je baisse les yeux.

— Ne sois pas gênée, tu as vu ma condition, je ne te jugerais pas.
— Je vis dans l'aisance. Je fais des études dans un lieu adapté que l'on nomme les universités.
— Vraiment?
— Oui, nous utilisons des moyens de locomotion totalement différents.
— Comment sont-ils?
— Très moderne. Ce sont des boîtes avec des roues.
— Vous n'avez pas de chevaux?
— Les seuls chevaux que nous avons, sont dans le moteur. Les vrais chevaux sont chouchoutés.

Ses yeux s'illuminent.

— J'aurais aimé découvrir ton monde.
— Je ne suis pas certaine que tu aurais aimé les gens qui y vivent.
— Pourquoi?
— Il y a des guerres, la famine dans certains endroits, les hommes détruisent des forêts pour faire du profit.
Elle est pensive.

— Alors, je suis contente de te faire découvrir le mien.
Je souris chaleureusement.

— Allez en route.

Nous reprenons la dernière heure de route, à discuter de son royaume, nous approchons de son lieu de travail. Le château est visible d'où nous sommes, nous y arrivons en quelques minutes. Nous traversons une grande ville, des marchands vendent leurs produits, des odeurs qui me donnent faim et des femmes plus élégantes les unes que les autres. Ce royaume est accueillant, les habitants ne sont pas hostiles, ils regardent juste ma tenue . Elle arrête sa charrette dans une des rues.

— Descend, il faut te trouver de quoi t'habiller. Je ne supporterai plus un regard de plus de leur part.
— Ne t'embêtes pas j'ai l'habitude.
— Pas moi alors viens.

Elle me traîne devant une devanture, c'est une couturière.

— Bonjour Andoria.

La vieille dame pose ses yeux sur moi, et affiche un regard choqué.

— Qui m'emmènes-tu ma chère?
— Une amie qui aurait besoin d'une tenue.
— Tu as de drôles de fréquentations, ma chère.
— C'est une voyageuse.
— Je constate . En me regardant de travers.
Qu'est-ce qu'elle a Mme Doubtfire?

Elle se lève en arrière-boutique revient avec trois tenues.
Je les essaye et Andoria choisit une robe bleue qui met mon teint en valeur.

— Andoria, je n'ai pas de quoi payer...
Très gênée.

— Ne te tracasse pas pour ça. J'ai de quoi payer.
— Non, ça sera inutile, tu en as besoin.
— Et moi, je suis contente de te l'offrir.
— Merci et je me jette dans ses bras.

Je sais que c'est un grand sacrifice qu'elle fait. Je me change et enfile leur sous-vêtement plutôt confortable. Nous reprenons la route vers cet énorme château, je suis éblouie par sa grandeur et sa beauté. Les gardes nous arrêtent pour contrôler nos identités, ils nous laissent entrer.
Andoria conduit la charrette vers les écuries, qui me rappellent étrangement la perche en métal.

Elle me dirige vers la salle du trône de sa majesté. Aujourd'hui, il reçoit les doléances de son peuple.
La porte s'ouvre, j'entre et là, je reste sans voix.

Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant