Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)

Chapitre 21

La soirée est un fiasco, ma mère roucoule avec Abdellah, sous les yeux rageux de Gégé. Caleb me regarde à peine. Des danseuses orientales lui font la danse du ventre. Il finit par se lever, en saisit une et sort de la tente. Je crois que mon coeur vient de se briser. Je sors de la tante me refugier dans celle qui m'a été designé. Je fonds en larmes, j'ai joué avec le feu, je me suis brulée.  Gégé me rejoint et me prend dans ses bras. Je crois qu'on se comprend. On ne parle pas, on reste de longues minutes dans cette position.

— Je suis désolé que les choses aient tourné comme ça .
— Moi aussi.
— Mais tu ne connais pas Caleb.
— Qu'est-ce que je dois savoir?
— C'est quelqu'un de très rancunier. Vous n'avez pas connu le Caleb arrogant, imbu de sa personne. Le guerrier. Il manie l'épée et l'art du combat comme personne. Vous avez en quelque sorte blessé sa virilité.
— Je n'ai rien fait. Ça fait des mois, qu'il fait sans cesse le yoyo entre nous.
— Vous auriez-pu quitter tout ce que vous aviez pour lui?
— J'ai failli si on ne m'avait pas remis dans cette quête. Et puis de toute manière, c'est trop tard, il passe du bon temps avec sa danseuse.
— Vous baissez vite les armes!
— J'ai usé toutes mes cartes avec lui.

Il ne répond rien, je suis une cause perdue.  Je vais finir vieille fille avec un chat siamois. Ma mère entre dans la tente, je suis dans les backstage d'un défilé ou quoi?

— Tu vas te décider à me dire ce qui se passe avec ce Caleb?
— Tiens, tu t'es souvenue que j'existais.
— Ne sois pas sarcastique!
— Abdellah n'est plus intéressant?
— Ce prince est tout à fait charmant, mais je ne suis pas là pour ça.
— Il n'y a plus rien, je viens de tout gâcher.
— Tu l'aimes?
— Maman, c'est gênant là.
— Adela, tu vas me répondre !
— Oui.
— Et lui?
— Je ne sais pas . C'est compliqué. Et puis ce n'est pas le plus important. Il faut finir cette quête.
— Et ensuite?
— Ensuite, je ne sais pas maman. Tout est confus!
— Tu devrais aller discuter avec lui.
— Je crois qu'il s'affaire à trouver un trésor avec une certaine danseuse.
Elle sourit .

Elle me laisse, elle doit parler à Gégé. J'ai l'impression d'être dans la villa des cœurs brisés.
Où est Lucie? J'aurais bien besoin de ses conseils.
J'entends Caleb rire, je souris bêtement, il entre dans la tente.

— Je n'ai cherché aucun trésor.

Il écoute aux portes, enfin au voile qui fait office de porte. Je le regarde venir s'asseoir sur les coussins à mes côtés. On ne parle pas, on se regarde. Il me saisit violemment et me ramène à lui.

— Tu sais que tu me rends dingue.
Je hoche négativement la tête.

— Je risque de te faire du mal. Tu ne sais pas qui je suis. Je ne veux pas de gamine en chaleur à mes côtés.
— Je ne te comprends plus? Tu attends quoi de moi?
— Que tu prennes ta quête à coeur! Tu as du sang sur les mains. Des royaumes ont disparu et toi, tu laisses aller à la drague avec un criminel.
— C'est toi qui a voulu que je redevienne la Adela insouciante, rigolote.
— Je ne t'ai pas demandé d'aller coucher avec le premier venu!

Je le gifle de toutes mes forces, il recule par la force de ma claque. Il me regarde avec un regard de haine et quitte la tente.  Je reste hébétée par ce qu'il vient de me dire. Je ne connaissais pas cette facette de lui. Gégé a raison, j'ignore beaucoup de choses de lui. 

Le matin, nous empruntons le miroir, Abdellah fait les yeux doux à ma mère et moi.  Gégé se racle la gorge. Il saute le premier, je le suis dans ce tunnel qui m'est désormais familier.