Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)

Tome 2 Chapitre 1

J'atterris sur le bitume, la planète Terre.
J'ai l'impression de repartir un an en arrière, sauf que j'ai échoué. Plusieurs dimensions ont disparu, je porte la responsabilité de cet échec. Je dois mettre mes sentiments de côté, le temps d'achever cette quête.

Je sais où aller, je fonce, prends le métro, je descends à la station université. Je n'ai pas de temps à perdre. Je veux retrouver Caleb le plus rapidement possible. Je me poste devant l'amphi d'histoire, elle devrait sortir par là. Je ne sais pas à quel moment de sa vie, j'ai été envoyé. Je reste là de longues minutes, les étudiants sortent, je m'approche. Elle est là, seule, la tête baissée.

Elle lève les yeux pour sortir de la salle et bloque sur moi. Elle n'a aucune réaction, les gens la bousculent, mais ses yeux ne me quittent pas. Je lui fais signe de me suivre, elle le fait. Je l'emmène vers un endroit calme. Elle se jette à terre et fait le signe de la croix.

— Au nom du père et de ses enfants, je demande une rallonge.
— Mais qu'est-ce que tu fais?
— Et mon fantôme me parle.
— Adela relève-toi! Je n'ai pas le temps.
Elle se relève et tourne autour de moi.

— Je suis morte, est-ce que j'ai souffert? J'aurais dû insulter cette arnaqueuse de voyante. Voilà les grands changements, je vais aérer dans mon ancienne fac.

Je ris, je ne peux pas m'empêcher. Je comprends mieux Caleb et ses fous rires.

— Hé mon fantôme!! Un peu de respect.
— Adela écoute bien ce que je vais te dire. Dans moins de deux heures, tu vas partir pour une quête. Il y a un an, j'étais à ta place j'ai échoué. J'ai été renvoyé dans ta dimension pour la finir.

Elle explose de rire, je m'attendais à cette réaction. Elle ne s'arrête pas.

— Adela c'est à cause de cette légèreté que j'ai échouée. Tu n'avais pas noté dans ton journal intime licorne, que tu rêvais d'aventure.

Et elle s'arrête, elle sait, elle a compris.

— Comment tu sais ça?
— Je suis ton futur toi. Il va falloir que tu m'aides.
— Qu'est-ce qui j'y gagne?
— Tu vas adorer! Je te le promets.
— Et maman?
— Tu lui écriras une lettre. Elle comprendra à ton retour.
— Papa?
— Je m'en charge.
— Mais je dois prendre quoi?
— Du maquillage, des sous-vêtements, et deux ou trois tenues.

On file chez maman. Heureusement qui n'est pas là, elle écrit sa lettre, puis elle fait son sac. Je crois qu'elle est déboussolée, je devais faire cette tête quand je me suis retrouvée projetée chez la perche en métal. Elle laisse la lettre bien en vue, et referme la porte.

— Tu as le collier de la voyante?
— Oui.

Elle le sort de son pull.

— Bon, on y va!

On file vers le musée, le fantôme nous dit de le suivre. Nous sommes dans une pièce attenante à la salle, le miroir est là.

— Je fais quoi? Une incantation?
Je souris.

— Non, allez saute!
— Mon fantôme vient de me dire de casser un miroir, et d'avoir sept ans de malheur?
— Adela saute!

Elle fait ce que je dis, je la suis de près. Nous atterrissons dans une forêt. Je devais m'en douter que ce ne serait pas le même parcours. Les dimensions ont changé, d'autres ont disparu.
Adela du passé se relève, elle est complètement chamboulée.

— On est où là?
— Alors là, je ne peux pas te dire. Avance.
— Tu m'envoies par un miroir dans un endroit craignos et tu ne sais pas où?
— On va le découvrir. Allez Adela, on a du chemin.

— J'avance depuis une heure dans cette forêt de blair witch.
— Ça fait dix minutes qu'on marche.

— En plus d'être mon fantôme, je n'ai plus aucune intimité. Bravo!!
Je souris de plus belle.
— Allez, avance.

— Je vais lui en foutre de l'avance! Elle ne disait pas être mon futur moi? Depuis quand Adela avance sans se plaindre.

Au bout d'une heure de marche, nous arrivons proche d'un village. Les regards se tournent vers Adela.

— Dis-moi que je n'ai pas atterri chez des cannibales? Et que leurs nonosses appartiennent à leurs gentils minous!

J'éclate de rire.

— Adel ce n'est pas marrant. J'ai l'impression qu'ils observent leur prochain grand repas.

Un des hommes s'avance, il porte une sorte de protège-sexe, il a des os accrochés partout. Caleb apparaît, je suis soulagée de le revoir, Adela du passé un peu moins.

— Chéri, où sommes-nous?
— Ma reine, tu te souviens de la blague sur les marmites.
— Oui vaguement.
— Tu es dans un de ces villages.

Adela du passé nous regarde plus choquée par notre scène, que par le cannibale qui la dévore des yeux.

— Chéri, ma reine? Attends Hannibal Lecter! J'ai deux petites choses à régler. Ensuite, on parlera nonos!

Caleb et moi sommes pris d'un fou rire.